Présidentielle : les candidats répondent aux questions de Marine & Océans et du Cluster maritime français

 

Nicolas Dupont-Aignan

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Quel budget pour la défense et pour quelle défense

Dans un monde troublé où notre pays est directement menacé par le totalitarisme islamique, où de nouveaux pôles de puissance consacrent une part croissante de leur budget au réarmement, la France doit accroître son effort de défense. Nous devons nous donner les moyens de l’indépendance et sanctuariser le budget de la défense à 2% du PIB (hors pensions). Pour renforcer nos armées, il est urgent de recruter 50 000 soldats sur la durée du quinquennat afin de compenser les dramatiques diminutions d’effectifs sous les mandats Sarkozy et Hollande (- 59 000 militaires). Ce budget de la défense consolidé doit être au service des militaires qui en ont assez de subir la réduction des moyens et la mauvaise gestion du paiement des soldes. Les conditions de vie de nos soldats et de leur famille doivent être protégées, il en va de la solidité de nos armées. La nation a le devoir d’être reconnaissante envers ceux qui sont prêts à se sacrifier pour elle.

Une politique de défense digne de ce nom doit être menée avec des objectifs de long terme qui préservent, aux yeux de nos alliés, notre posture de partenaire fiable et permettent d’éviter toute soumission à une superpuissance en devenir. L’enjeu est gigantesque : préserver notre indépendance nationale, affirmer notre rang de grande puissance aux yeux du monde entier. L’indépendance nationale n’implique pas l’isolement et des coopérations bilatérales sont possibles et même souhaitables, notamment dans le domaine industriel. Ainsi, nous sortirons du commandement intégré de l’OTAN, fidèles à la pensée du général de Gaulle et à notre grande tradition française d’indépendance.

Le deuxième porte-avions : projet nécessaire ou arlésienne ?

Je suis favorable à la construction d’un deuxième porte-avions qui permettra à la France d’être présente en continu sur les théâtres d’opération. Nous devons débuter la construction des 2017. Cela représente un coût total de 4 milliards d’euros soit 800 millions par an sur 10 ans. Il s’agit d’un projet vital pour assurer notre indépendance et renforcer notre politique de défense.

L’économie maritime : une partie de la solution pour la croissance et l’avenir de la France ?

Forte du premier espace maritime mondial en superficie, la France dispose de tous les atouts territoriaux, industriels et technologiques pour devenir une puissance maritime clef du XXIe siècle. L’économie de la mer représente en France 65 milliards de chiffre d’affaires par an et concerne plus de 300 000 emplois directs et 1 million d’emplois indirects. Dans ces conditions, il est nécessaire de créer un cadre administratif et institutionnel intégré à une stratégie maritime nationale ce qui passe par la création d’un grand ministère de la Mer et de l’Outre-mer qui regrouperait les services de l’État et les structures publiques tant maritimes qu’ultra-marines du pays avec un cadre politique fort lui permettant de transcender les clivages et les corporatismes. Je veux lancer un grand projet d’exploration et d’inventaire de la ZEE, pour permettre une évaluation des ressources présentes et définir son potentiel industriel.

Je fixe des objectifs très ambitieux à notre politique de la Mer. Je détaille dans mon projet des mesures concrètes pour répondre à cette ambition. La politique de la Mer doit d’abord être associée à notre politique étrangère tournée vers nos espaces maritimes et prendre en compte la dimension mondiale de la France. Il faut ensuite exploiter nos immenses ressources maritimes pour redevenir un compétiteur économique mondial de premier ordre et réindustrialiser notre pays. Dans cette perspective, il est urgent de rattraper notre retard en matière de fret et d’infrastructures portuaires et fluviales. Nous devons aussi développer le fret fluvial afin de mieux relier les ports entre eux et aux grandes villes. Le secteur nautique français doit aussi être soutenu en allégeant la fiscalité qui le freine.

François Fillon

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Quel budget pour la défense et pour quelle défense ?

Quand on parle du budget de la défense, il faut remettre les choses en perspective. Nos armées ont pour mission de défendre la France et les Français, de protéger notre territoire et nos intérêts, et le budget de la défense doit leur permettre d’accomplir leurs missions dans les meilleures conditions possibles. La menace aujourd’hui est protéiforme, qu’il s’agisse des dangers du terrorisme islamiste, du retour des Etats puissances, ou encore de la protection des espaces maritimes et notamment de notre zone économique exclusive. Il nous faut posséder des capacités pour faire face à l’ensemble de ces menaces, tout en maintenant et en modernisant notre dissuasion qui est la clef de notre souveraineté et de notre rang. Dans ce contexte, le besoin de financement de notre outil militaire se situe au niveau fixé par l’Otan, c’est-à-dire autour de 2% du produit intérieur brut. Mon projet pour la défense doit permettre de tendre vers cet objectif en sécurisant le budget déjà voté et en travaillant rapidement à la rédaction d’une nouvelle loi de programmation militaire.

Le deuxième porte-avions : projet nécessaire ou arlésienne ?

La France est l’un des rares États au monde à disposer d’un porte-avions. Ce bâtiment et son groupe aéronaval constituent un formidable outil de souveraineté et de puissance, dont notre pays est désormais privé pour une période de grand carénage de 18 mois. Notre porte-avions actuel devra être retiré du service actif dans les années 2035-2038, et il faudra dix à quinze ans pour construire son successeur. La nécessité est donc d’engager rapidement les études pour la construction de ce futur porte-avions. Plus ces études auront lieu tôt, plus la mise à l’eau de ce bâtiment pourra être avancée, permettant à notre groupe aéronaval d’être opérationnel avant la fin de service du Charles de Gaulle. Ce sera la responsabilité du futur président de la République que de préparer cette période.

L’économie maritime : une partie de la solution pour la croissance et l’avenir de la France ?

En France, 490 000 personnes sont directement employées dans les secteurs maritimes et près de 8 millions de nos compatriotes vivent et travaillent dans les communes littorales et insulaires. Nous ne pouvons plus attendre pour tirer le meilleur parti de nos richesses et de nos atouts. Nous devons écouter les gens de mer, marins, ostréiculteurs, entrepreneurs, innovateurs et avec eux bâtir une politique maritime au service de la libération de l’économie, du rayonnement de la France et du bien-être des Français. Je veux donc lancer des « états généraux de la pêche et de l’aquaculture » pour refonder les politiques de la pêche et de l’aquaculture en les plaçant sous le signe de l’innovation, de la qualité, de la sécurité et de la durabilité. En parallèle, je développerai l’industrie de construction navale notamment au travers des collaborations entre grandes entreprises, ETI et PME, et diversifierai la filière vers les nouveaux métiers maritimes et les énergies marines renouvelables. Nous devons élaborer et concrétiser une véritable stratégie pour la croissance bleue.

Benoît Hamon

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Quel budget pour la défense et pour quelle défense ?

Dans un avenir proche, la France et l’Europe continueront à être confrontées à des défis redoutables, au sein d’un environnement stratégique et géopolitique fortement dégradé, avec une menace terroriste durable que nous ne devons en aucun cas sous-estimer, un retour à la puissance d’Etats comme la Russie ou la Chine, le Brexit et l’avènement de l’administration Trump. Outre le maintien de nos capacités opérationnelles, le renouvellement de nombre de nos systèmes d’armes – notamment la modernisation des deux composantes constitutives de notre dissuasion nucléaire –, nos armées font face à la multiplication de nos engagements extérieurs (et intérieurs). Ces objectifs sont exigeants. L’ambition de 2% du PIB dédiés à l’effort de défense est aujourd’hui largement partagée. Encore faut-il que le périmètre soit bien sûr précisé avec l’Etat-Major. En outre, l’interpénétration des problématiques de sécurité intérieure et extérieure justifierait, selon moi, d’adopter au sein d’une même programmation, les budgets de la défense et de la sécurité. Cela permettrait d’allouer les moyens nécessaires à la protection de nos concitoyens et de nos intérêts, et à notre pays d’honorer ses responsabilités internationales.   

Le deuxième porte-avions : projet nécessaire ou arlésienne ?

À chaque élection présidentielle, ce sujet revient tel un serpent de mer. La question de la permanence à la mer du groupe aéronaval est justement posée, alors que notre unique porte-avions, le Charles de Gaulle, est entré dans sa phase de refonte à mi-existence pour une période de 18 mois. Le porte-avions a largement démontré son efficacité et son utilité au cours de ces dernières années. Tout à la fois outil de projection de puissance et de diplomatie militaire, il est une indispensable pièce de notre stratégie. Au regard des contraintes budgétaires, je n’ignore pas que le coût d’acquisition d’un second porte-avions, aujourd’hui estimé aux alentours de 8 à 9 milliards d’euros, peut constituer un véritable obstacle. Néanmoins, il me semble qu’il est nécessaire d’en débattre, ainsi que des économies d’échelle possibles. Le remplacement du Charles de Gaulle sera également bientôt abordé. Je ne veux pas, non plus, écarter la perspective d’une construction en coopération avec certains de nos partenaires comme l’Allemagne. Je souhaite en faire un point des discussions à relancer sur la défense européenne. La mutualisation a été évoquée par le passé, sans succès. Mais le nouveau contexte stratégique auquel l’Europe est confrontée confère à cette idée une actualité nouvelle.

L’économie maritime : une partie de la solution pour la croissance et l’avenir de la France ?

La mer fait partie intégrante de ce que nous sommes aujourd’hui. Non seulement la France est présente dans les trois océans du monde avec les Outre-mer et une zone économique exclusive de 11 millions de kilomètres carrés, mais nous pourrions aussi gagner près de 2 millions de kilomètres carrés de fonds et sous-sols marins si toutes nos demandes d’extension du plateau continental étaient exaucées. La mer est aussi, déjà, le moteur de l’économie, puisque 90% du commerce mondial se fait par la voie maritime et plus de 99 % des télécommunications internationales transitent par des câbles sous-marins. Cette dynamique de « maritimisation » de l’économie est appelée à s’amplifier davantage demain, avec le développement des énergies renouvelables comme l’éolien en mer ou l’hydrolien, le potentiel incommensurable des algues en matière de recherche et d’innovation chimique, alimentaire ou médicale, ou encore l’attractivité des minerais des grands fonds marins, notamment les nodules polymétalliques. Cependant, je veux à tout prix éviter que l’on agisse en mer comme on l’a fait sur terre, c’est-à-dire exploiter ses ressources jusqu’à épuisement, au profit d’une croissance prédatrice de la biodiversité et donc de notre planète. Car l’eau, tout comme l’air et les sols, est un bien commun que nous devons absolument protéger – je souhaite d’ailleurs l’inscrire dans la Constitution. Je pense que la rédaction d’un nouveau Livre Bleu ne serait pas de trop pour dessiner la politique maritime de demain afin de concilier, à mon sens, trois impératifs : donner toute sa place à l’économie bleue dans la transition énergétique que nous devons engager, approfondir la stratégie maritime de l’Union européenne, et renforcer les moyens de l’action de l’Etat en mer, particulièrement dans les Outre-mer.

Marine Le Pen

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Quel budget pour la défense et pour quelle défense ?

Le premier devoir de l’Etat est la protection du territoire, de la population française et de ses ressortissants à l’étranger. Ce devoir n’est pas actuellement rempli, ne serait-ce que dans les DOM-COM, vaste territoire national où la Marine n’a plus les moyens d’arrêter les pilleurs de notre domaine maritime. Par ailleurs, puissance mondiale, la France doit assumer ses alliances et défendre ses intérêts nationaux dans une guerre que le terrorisme islamiste lui a déclarée. Il lui faut donc disposer de l’autonomie stratégique complète : force de frappe pour dissuader des Etats cherchant à entraver son indépendance, moyens conventionnels complets et souverains pour s’attaquer aux groupes terroristes ou défendre des Etats amis agressés. Or, sous le coup des dividendes de la paix et des régulations sur le budget de la défense depuis plus de 27 ans, l’armée française est devenue, en dépit de ses succès tactiques que je salue ici, une armée précaire en voie de paupérisation. Mon devoir est donc de réarmer le pays. L’objectif de 2% du PIB consacré à la défense n’est pas dicté par l’OTAN mais par le souci de pérenniser un système de défense efficace mais sous-financé. Cet objectif au demeurant ne suffira pas : c’est pourquoi j’ai proposé que l’effort de défense soit porté à 3% en fin de quinquennat. Mais dépenser plus ne suffira pas : il faudra dépenser mieux, c’est-à-dire là où les capacités sont lacunaires, incomplètes et insuffisantes et surtout exécuter le budget. Je m’engage donc à une double sanctuarisation : dans la constitution, pour que l’objectif minimum des 2% du PIB pour la défense soit ancré fermement, et dans l’exécution en cours d’année, pour éviter les régulations qui désorganisent trop souvent notre système de défense, tant dans les armées que dans l’industrie nationale de défense. 

Le deuxième porte-avions : projet nécessaire ou arlésienne ?

La permanence du groupe aéronaval n’est pas assurée : la France a soit des avions sans porte-avions soit une capacité intermittente car entrecoupée d’arrêts techniques de 18 mois tous les sept ans. Cette situation, créée par M. Chirac en 1996 et prolongée par ses successeurs, n’est plus tolérable pour un pays en guerre et une grande puissance maritime comme le nôtre. Il faut donc lancer, dès cet été, les études industrielles (conception de porte-avions plus lourds, chaufferies nucléaires, etc.) pour remettre l’ensemble des acteurs (Marine, DGA et industriels) en mesure de lancer dès 2018 – première annuité de la LPM que je ferai voter à l’automne -, un programme visant à adjoindre au Charles de Gaulle un sistership au plus vite – que je baptiserai Richelieu – et qui remplacera le Charles de Gaulle vers 2030/35. Le développement du Richelieu servira ensuite au lancement d’un deuxième porte-avions de manière à garantir, autour de 2040, la permanence du groupe aéronaval. La question du porte-avions ne doit pas faire oublier l’effort à porter sur l’aéronautique navale et les bâtiments d’escorte (frégates, ravitailleurs, chasseurs de mines, patrouilleurs et sous-marins nucléaires). On le voit : derrière la question essentielle du porte-avions, il y a bien un effort de réarmement majeur de la marine de premier rang que je compte entreprendre de manière cohérente sur la durée.

L’économie maritime : une partie de la solution pour la croissance et l’avenir de la France ?

Oui, clairement, la mer est pour la France sa « nouvelle frontière » avec 11 millions de km². Je l’ai largement rappelé récemment dans mon programme sur l’Outre-mer. Cet immense espace est, comme toute frontière, à protéger efficacement : il faut redonner à la Marine nationale la capacité d’intervenir dans notre ZEE et de défendre nos lignes de communication maritimes commerciales dans les endroits troublés (détroits de Bab-el-Manbed, de Malacca, d’Ormuz, Golfe de Guinée…). Sans protection, pas de développement économique possible. La mer est ensuite un enjeu économique majeur pour la France : 70 milliards d’euros d’activité, 450 000 emplois. Nos DOM-COM ont tout pour devenir de nouveaux Singapour, c’est-à-dire des hubs portuaires mondiaux. La mer est enfin le lieu de tous les développements technologiques du XXIème siècle : aquaculture, minerais rares, énergie renouvelable, connaissance du climat, etc., où la France a de réels atouts : BRGM, Ifremer, industriels de très haut niveau dans certaines activités. Mais pour que cette vision devienne réalité, il faut que la France surmonte ses handicaps, notamment ses millefeuilles administratifs et fiscaux, et le manque de vision des décideurs comme les projets d’abandons de souveraineté sur Clipperton et Tromelin l’ont malheureusement démontré. Un ministère à part entière dédié à la mer s’imposera pour gérer ce domaine efficacement : un simple Secrétariat général de la mer de vingt personnes ne suffit pas ! L’ensemble de ces enjeux est constamment rappelé par le Front National depuis des années : dans les DOM-COM où je me suis rendu après la publication de mon programme pour l’Outre-mer, dans l’hémicycle où nos députés ont défendu la souveraineté nationale sur Tromelin et dans son programme défense enfin où la Marine tient une place centrale.

Emmanuel Macron

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Quel budget pour la défense et pour quelle défense ?

Les tensions graves qui touchent le territoire national et notre environnement européen apparaissent chaque jour plus prégnantes : la résurgence de la menace terroriste, la confirmation du retour d’une politique russe de puissance, l’attitude de la Chine en mer de Chine méridionale… placent les questions de défense au centre de nos enjeux stratégiques. C’est à l’aune de ce contexte durablement menaçant que nous devons penser notre outil de défense de demain. C’est pourquoi mon objectif est d’atteindre progressivement 2% du PIB pour le budget de la Défense, d’ici 2025. Cela représentera concrètement une hausse du budget de la défense de près de 10 milliards d’euros en 2022. Cet effort, considérable, permettra de faire face à la fois à la stabilisation des effectifs décidés à la suite des attentats de 2015, et au besoin impérieux de financer de nombreux renouvellements capacitaires, dans un contexte de fort engagement opérationnel. 

Dans le domaine maritime, les océans sont vecteurs de développement, sources de richesses autrefois réservées à quelques pays, qui attisent aujourd’hui les convoitises, et sont désormais le théâtre de l’expression des politiques de puissance. Notre marine militaire nous permet un accès unique à cet espace océanique, et constitue un instrument hauturier de souveraineté sur des espaces convoités : il nous faut donc la consolider pour continuer à y peser. Nous fournirons ainsi un effort particulier dans le domaine de la protection de notre territoire maritime (programmes de patrouilleurs maritimes Batsimar, de lutte contre la guerre des mines SLAMF), de la projection de forces (sous-marins Barracuda, frégates FREMM et FTI), et du ravitaillement (FLOTLOG). Le maintien en condition opérationnelle de nos navires devra également continuer à faire l’objet d’une attention soutenue.

Concernant la dissuasion, enfin, qui va entrer dans son troisième grand cycle de modernisation depuis sa création il y a plus d’un demi-siècle, nous engagerons le renouvellement des composantes sous-marine et aérienne. Le développement et la construction du sous-marin nucléaire lanceur d’engins de troisième génération sera décidé, et les évolutions du missile balistique M51 assurées.

Le deuxième porte-avions : projet nécessaire ou arlésienne ?

Le Charles de Gaulle est un magnifique outil de souveraineté et de diplomatie. Il l’a montré à de multiples reprises, une fois encore à la fin de l’année 2016, lorsqu’il a combattu l’Etat islamique, pour notre sécurité. Je tiens à saluer l’engagement et le professionnalisme des 2000 marins qui y travaillent. C’est aussi une véritable réussite technologique que de faire cohabiter sur un même bateau un aéroport, un centre de commandement, un hôpital, deux réacteurs nucléaires. Beaucoup de pays nous envient ce savoir-faire technologique.

Lorsque le Charles de Gaulle arrivera en fin de vie, à l’horizon 2040, il faudra que la France dispose d’un porte-avions pour le remplacer. Nous ne pouvons pas nous passer de cet outil militaire stratégique. La liberté d’évolution que procurent les espaces maritimes fait du porte-avions un moyen militaire de premier plan pour lutter contre le terrorisme, ou mener des opérations de renseignement. Il contribue également à notre force de dissuasion nucléaire. Il en va donc de la capacité de la France à assurer sa souveraineté, sur des enjeux stratégiques majeurs. 

 L’économie maritime : une partie de la solution pour la croissance et l’avenir de la France ?

Grâce à nos Outre-mer la France dispose du plus vaste espace maritime au monde : il est donc évident qu’il y recèle des opportunités économiques exceptionnelles. Pour soutenir une croissance bleue de niveau mondial en France, nous devons construire une véritable stratégie maritime, qui fait défaut aujourd’hui.

Pour valoriser notre potentiel maritime, notamment au plan économique, il faut d’abord faire des ports les principales portes d’accès à la France : ils doivent être le premier maillon d’une chaîne logistique efficace, et donc être mieux connectés avec les réseaux ferroviaires. Les opportunités énergétiques que représentent les énergies marines renouvelables comme l’hydrolien ou l’éolien offshore doivent faire l’objet d’un plan de développement ambitieux : trop de retard a été pris par rapport à nos voisins européens, et une véritable filière industrielle doit désormais être constituée en France.

Le secteur de la pêche, créateur de valeur, et qui fonde une partie de notre souveraineté alimentaire, sera soutenu. Je suis partisan d’une pêche durable, qui organise les circuits courts, et qui dans le même temps paye mieux nos pêcheurs. La polyactivité de nos professionnels de la pêche et de l’aquaculture sera le meilleur moyen de diversifier et d’augmenter leurs revenus.

Pour faire de la France une nation leader pour la croissance bleue, le développement de notre recherche scientifique marine est indispensable. Qu’il s’agisse de ressources minérales, d’énergies marines, de nautisme, d’aquaculture, de biotechnologies : les besoins sont immenses.  Je consoliderai donc les moyens attribués aux sciences et technologies de la mer, y compris pour les études liées aux pôles, où les intérêts stratégiques français sont majeurs.

Jean-Luc Mélenchon

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Quel budget pour la défense et pour quelle défense ?

La question du budget militaire n’est pas une question comptable. En matière de défense comme ailleurs la question déterminante n’est pas «  combien ça coûte », mais « de quoi avons-nous besoin ? ». Tous les candidats atlantistes disent qu’ils veulent un budget de « 2% du PIB ». Mais ils sont incapables de dire pour quoi faire ! C’est seulement leur obéissance à l’OTAN et aux exigences du gouvernement américain pour « partager le fardeau de notre défense ». Mais de la Défense de qui ? Et contre quelle menace ? A quoi sert-il d’avoir un budget de 2% si c’est pour rester dans l’OTAN et renoncer encore plus à notre indépendance à travers « l’Europe de la défense » ? Je prône un nouvel indépendantisme français. Je refuse cette Europe de la Défense qui n’est qu’une Europe de la guerre. Je sortirai de l’OTAN pour impulser une coalition des pays non-alignés et agir enfin pour la paix à travers l’ONU. Cela suppose un appareil de Défense en état de marche et donc, évidemment, des moyens. Mais cela libérera aussi des économies : combien de milliards d’euros sont engloutis dans des opérations extérieures aux buts imprécis ? Combien nous coûte la présence dans l’OTAN ? Quel prix paye notre industrie de Défense  lorsqu’elle est vendue à ses concurrents comme Nexter, abandonnée au profit de fusils étrangers pour remplacer le FAMAS, ou méprisée comme lors du refus de vendre les Mistral à la Russie ? Combien coûte l’externalisation de tant de fonctions vers le privé ?

Le deuxième porte-avions : projet nécessaire ou arlésienne ?

La question sera posée dans le nouveau livre blanc qui redéfinira notre stratégie. Une France indépendante doit être souveraine sur tous les terrains. Ce n’est pas moi qui ai décidé de construire le Charles-de-Gaulle. Il est là jusqu’en 2040 environ. Mais tout le monde sait que si l’on pense qu’il faut un porte-avions, alors c’est qu’il en faut deux pour faire face aux nécessités de la maintenance. Il faut au moins dix ans pour en construire un. Il y a un enjeu urgent à conserver la possibilité de le faire si la nation le décide : c’est-à-dire d’une part préserver les compétences technologiques et humaines de DCNS, et d’autre part reprendre la maîtrise majoritairement publique et nationale du chantier de Saint-Nazaire où pourrait être construit un navire de cette taille. En revanche, je suis sidéré de voir que la question maritime ne perce dans le débat public qu’à travers celle du porte-avions. Même en matière militaire, il y a plus urgent. Notre territoire maritime est une immense richesse qui excite toutes sortes de convoitises. Notre marine n’a pas les moyens de le protéger au quotidien. Elle est presque aussi peu dotée que si nous avions deux voitures de police pour surveiller le territoire terrestre ! Nous avons besoins de patrouilleurs et de frégates. C’est de l’activité, de l’emploi, de la technologie, des qualifications professionnelles que nous avons besoin de développer.

L’économie maritime : une partie de la solution pour la croissance et l’avenir de la France ?

J’en suis convaincu et depuis longtemps. Cela fait des années que je sillonne la France maritime à la rencontre des pêcheurs, des constructeurs navals, des chercheurs dans les biotechnologies. Nous avons organisé deux « assises de la mer », écrit un « plan mer ». Nous sommes prêts à appuyer sur l’accélérateur dès le lendemain de mon élection. Mon programme vise à créer 300 000 emplois maritimes supplémentaires. C’est la logique même de l’humanité que d’avancer en mer pour trouver les moyens de son développement : eau, alimentation, énergie etc. Si on veut réduire les protéines carnées et passer au 100% d’énergies renouvelables, c’est en mer que nous trouverons une bonne partie de la solution. Assez de défaitisme, assez de temps perdu, assez de gâchis industriel comme l’abandon des deux fleurons français dans l’éolien off-shore Adwen et Alstom ! La mer est l’avenir de la France. Elle peut et elle doit être aussi l’occasion de modifier nos manières d’agir à terre et en mer pour ne pas transformer la mer en poubelle. La planification écologique que je propose commencera par la mer.

Marine & Oceans
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La revue trimestrielle MARINE & OCÉANS est éditée par la "Société Nouvelle des Éditions Marine et Océans". Elle a pour objectif de sensibiliser le grand public aux principaux enjeux géopolitiques, économiques et environnementaux des mers et des océans. Informer et expliquer sont les maîtres mots des contenus proposés destinés à favoriser la compréhension d’un milieu fragile.   Même si plus de 90% des échanges se font par voies maritimes, les mers et les océans ne sont pas dédiés qu'aux échanges. Les ressources qu'ils recèlent sont à l'origine de nouvelles ambitions et, peut-être demain, de nouvelles confrontations.

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