En cette journée “SOS Océan”, l’IPOS (International Platform for Ocean Sustainability) a révélé le rapport sur l’exploitation minière des grands fonds marins commandé par Emmanuel Macron auprès du naturaliste et biologiste Bruno David et de la biologiste et océanographe Françoise Gaill.
Ce rendez-vous était également l’occasion de présenter en avant-première cette initiative mondiale visant à fournir aux décideurs des analyses scientifiques transdisciplinaires et des propositions de politiques publiques concrètes pour une gestion durable de l’Océan.
Le lancement officiel de L’IPOS est prévu lors de l’UNOC-3 en 2025 à Nice, avec l’appui d’États, de 50 institutions scientifiques, et d‘organisations internationales.
Une consultation mondiale pour les grands fonds marins
En octobre 2023, le Président Emmanuel Macron a demandé une consultation scientifique internationale afin de synthétiser les « preuves scientifiques concernant les graves risques que la communauté internationale prendrait en autorisant l’exploitation des grands fonds marins. » En réponse, Bruno David, Président du Muséum national d’histoire naturelle de 2015 à 2023, ainsi que Françoise Gaill, co-responsable de Towards IPOS et ancienne Directrice de l’Institut Ecologie et Environnement du CNRS, ont créé un comité scientifique international chargé de recueillir les avis et recommandations d’experts en sciences des grands fonds marins et d’un large éventail de détenteurs de savoirs à travers le monde. Towards IPOS coordonne ce comité, qui est co-présidé par Elva Escobar-Briones (Mexique) et Ricardo Serrão Santos (Portugal), et coordonné par Kelsey Archer Barnhill (États-Unis).
Les 18 membres du comité scientifique ont été sélectionnés pour représenter une diversité de genres et d’origines géographiques, apportant une expertise en sciences naturelles et sociales humaines dans les domaines de la recherche sur les grands fonds marins, de la gouvernance des océans, des ressources minérales, de l’économie environnementale, de la gestion des écosystèmes et de l’océanographie. L’approche internationale et transdisciplinaire vise à fournir une analyse inclusive et synthétique approfondie afin de renforcer l’interface science-politique dans le débat sur l’exploitation minière des grands fonds marins. En réunissant des avis, des analyses et des recommandations d’experts issus de diverses disciplines et régions du monde, cette consultation a permis d’élaborer des recommandations scientifiquement crédibles, adaptées au contexte et d’envergure mondiale.
Ce projet a été effectué avec le soutien du CNRS, de la Fondation CNRS, du ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, et de KRESK 4 OCEANS.
Les points clés du rapport sur l’exploitation minière des grands fonds marins
- La communauté internationale est confrontée à un choix crucial concernant l’exploitation minière en haute mer : devons-nous protéger la biodiversité encore largement inconnue des grands fonds marins, ou entreprendre l’extraction de minerais qui pourrait endommager de manière irréversible cet écosystème encore préservé ?
- Les grands fonds marins sont un écosystème fascinant sous étroite surveillance.
- Les partisans de l’exploitation minière en eaux profondes la présentent comme une solution au changement climatique et à la stabilité géopolitique.
- À première vue, l’exploitation minière en eaux profondes peut sembler pleine de promesses, mais cette perception est trompeuse car cette initiative entraînerait plutôt des conséquences environnementales et socio-économiques potentiellement dévastatrices.
- Les connaissances scientifiques indiquent que les incertitudes et les effets secondaires potentiels de d’une telle exploitation pourraient nous conduire vers l’inconnu.
- En comparant les opportunités de l’exploitation minière des grands fonds avec les risques potentiels et les incertitudes qui l’entourent, les membres de la Consultation mondiale sur les Grands Fonds Marins appellent à un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes pendant au moins 10 à 15 ans, ou jusqu’à ce que des connaissances suffisantes soient disponibles pour prendre des décisions éclairées.
Bruno David, naturaliste et biologiste : “La science doit guider des choix rationnels car se lancer sans envisager toutes les conséquences de nos actions pourrait s’avérer dramatique. Ayons l’humilité de reconnaître que nous ne savons pas tout et que nous sommes bien peu en regard de l’océan qui a évolué sur des centaines de millions d’années.”
Françoise Gaill, co-lead de l’IPOS : “L’Océan est un bien commun de l’Humanité. Pour agir, les décideurs ont besoin de connaissances fiables, précises et pratiques pour guider leurs politiques de protection de l’Océan. C’est pour répondre à ce besoin que l’IPOS se crée.«
Tanya Brodie Rudolph, co-lead de l’IPOS : “L’IPOS est honorée d’avoir participé à cette coentreprise qui a été son 1er projet pilote. Ce fut l’occasion d’explorer comment l’IPOS peut éclairer les politiques par la meilleure connaissance disponible.”
Didier Tabary, président du Fonds de dotation KRESK 4 OCEANS : “KRESK 4 OCEANS a pour mission de contribuer à la protection des Océans. L’IPOS est l’accélérateur dont le monde à besoin pour répondre efficacement aux défis que nous devons relever pour restaurer, préserver et utiliser l’océan de façon durable et responsable.