14 mai 1766 : Lancement du navire de guerre français LANGUEDOC portant 80 canons sur deux ponts
(Peinture ci-dessus d’Hubert Cartahu)
Il est lancé dans la période de sursaut patriotique qui suit les défaites de la guerre de Sept Ans. C’est un vaisseau de ligne de deuxième rang, portant 80 canons sur deux ponts. Il sert de vaisseau amiral au comte d’Estaing lors de sa campagne en Amérique en 1778-1779, puis participe à la bataille des Saintes en 1782. Rebaptisé l’Antifédéraliste en 1794 par le gouvernement révolutionnaire, puis la Victoire en 1795, il participe à diverses opérations en Méditerranée. Il est démoli en 1799.
Construit sur le modèle de ce qui a été mis au point dans les années 1740 pour obtenir un bon rapport coût/manœuvrabilité/armement afin de pouvoir tenir tête à la marine anglaise qui dispose de beaucoup plus de navires, c’est le huitième exemplaire de ce type. Bénéficiant de l’expérience acquise, il est beaucoup plus grand que ses prédécesseurs. Sa coque a 19 pieds de long de plus (à peu près 6 m) que le premier exemplaire de la série (le Tonnant, lancé en 1743 et la Révolution. Cette grande taille va permettre plusieurs réaménagements de l’armement au fil de la carrière du vaisseau.
Ses plans s’inspirent des ceux du Soleil-Royal, le vaisseau-amiral de Brest détruit en 1759, mais il le dépasse de presque 5 pieds, ce qui en fait le plus grand deux-ponts à 80 canons français sur les douze construits entre 1743 et la Révolution. Cette grande taille va permettre plusieurs réaménagements de l’armement au fil de la carrière du vaisseau.
La coque du Languedoc est en chêne, bois lourd et très résistant. Près de 3 000 chênes vieux de 80 à 100 ans ont été nécessaires à sa construction. Le gréement, (mâts et vergues) est en pin, bois plus léger et souple. De 30 à 35 pins ont été assemblés pour former la mâture. Les affûts des canons et des pompes sont en orme, les sculptures de la proue et de la poupe sont en tilleul et en peuplier, les poulies sont en gaïac. Les menuiseries intérieures sont en noyer. Les cordages (plus de 80 tonnes) et les voiles (à peu près 3 000 m2) sont en chanvre.
Prévu pour pouvoir opérer pendant des semaines très loin de ses bases européennes s’il le faut, ses capacités de transport sont considérables. Il emporte pour trois mois de consommation d’eau, complétée par six mois de vin et d’eau douce. S’y ajoute pour cinq à six mois de vivres, soit plusieurs dizaines de tonnes de biscuits, farine, légumes secs et frais, viande et poisson salé, fromage, huile, vinaigre, sel, sans compter du bétail sur pied qui sera abattu au fur et à mesure de la campagne.
ARMEMENT
Les canons sont en fer. Bénéficiant de l’expérience acquise sur les unités précédentes, il est prévu qu’il puisse embarquer sur sa deuxième batterie des pièces de 24 livres au lieu du traditionnel 18 livres, calibre testé sur le Soleil-Royal et définitif à partir du Saint-Esprit lancé en 1765. Cet armement se répartit de la façon suivante12 :
- le premier pont, percé à 15 sabords porte trente canons de 36 livres ;
- le second, percé à 16 sabords porte trente-deux pièces de 24 livres ;
- les gaillards avant et arrière se répartissent dix-huit pièces de 8 livres.
Ainsi armé, il doit pouvoir délivrer une bordée de 1 068 livres (à peu près de 523 kg de boulets de fonte) et le double si le vaisseau fait feu simultanément sur les deux bord.
Cependant, lors de son premier armement en 1773 (au moment de la crise des îles Malouines), sa bordée est remaniée. Il porte :
- 30 canons de 36 livres dans sa première batterie ;
- 32 canons de 24 livres dans sa seconde batterie ;
- 6 canons de 12 livres sur le gaillard d’avant ;
- 12 canons de 12 livres sur le gaillard d’arrière.
Cette modification de l’armement des gaillards porte le poids de la bordée à 1 140 livres (à peu près 557,5 kg) et le double s’il fait feu simultanément sur les deux bords.
En 1778, peu avant l’entrée de la France dans la guerre d’Indépendance américaine, son armement est fortement remanié et passe à 90 canons. Il porte :
- 30 canons de 36 livres dans sa première batterie ;
- 34 canons de 24 livres dans sa seconde batterie ;
- 26 pièces de 8 livres sur les gaillards.
Cette augmentation du nombre des canons sur la deuxième batterie et sur les gaillards porte le poids de la bordée à 1 180 livres (à peu près 577,02 kg) et le double si le Languedoc fait feu simultanément sur les deux bords.
En moyenne, chaque canon dispose de 50 à 60 boulets. Il y a aussi plusieurs tonnes de mitraille et de boulets ramés. Le vaisseau embarque plus de 20 tonnes de poudre noire, stockée sous forme de gargousses ou en vrac dans les cales.
Source : WIKIPEDIA