Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, s’est rendue début juin au Kazakhstan et au Kirghizistan pour appeler à renforcer la coopération régionale et multilatérale en matière de protection des glaciers et de gestion de l’eau. Elle a annoncé de nouveaux investissements de l’UNESCO pour la coopération scientifique en Asie centrale.
« La fonte des glaciers emporte avec elle des écosystèmes entiers et accroit significativement les risques de catastrophes naturelles. Elle menace aussi de priver de moyens de subsistance une part importante de la population mondiale. Ce sujet appelle à davantage de coopération régionale et internationale », a plaidé Audrey Azoulay lors de son discours au Forum international d’Astana, un discours dans lequel la Directrice générale de l’UNESCO a rappelé que « la paix mondiale dépendra aussi de l’eau ».
En novembre 2022, l’UNESCO a publié avec l’IUCN une étude révélant que les glaciers d’un tiers des sites du patrimoine mondial sont menacés de disparaître d’ici 2050 dans le scénario actuel des émissions de CO2. L’étude indiquait aussi qu’une limitation de la hausse des températures à 1,5°C, tel quel prévu dans l’Accord de Paris sur le Climat, permettrait de sauver les glaciers des deux-tiers de sites restants.
L’UNESCO accompagne ses 193 Etats membres dans l’élaboration de mesures en faveur des glaciers, autour de trois piliers : faire progresser les connaissances, renforcer la protection et investir dans l’éducation. L’Organisation soutient notamment la coopération et la recherche scientifique, travaille à améliorer les capacités de surveillance des glaciers et à mettre en place des mesures de réduction des risques.
Investissements renforcés en Asie centrale
Les glaciers d’Asie centrale ont perdu 20 à 30% de leur volume ces cinquante dernières années. C’est pourquoi l’UNESCO a décidé d’accroître ses actions dans la région. Depuis 2017, un centre de recherche régional de l’UNESCO basé à Almaty (Kazakhstan) est dédié à la glaciologie. Il réunit une vingtaine de chercheurs internationaux, au sein de quatre laboratoires thématiques : la surveillance de la cryosphère, le suivi des ressources en neige et glace, la géocryologie et les risques naturels.
Fin 2021, l’UNESCO a lancé un nouveau programme scientifique régional, financé à hauteur de plus de 6 millions de dollars par le Fonds d’adaptation, pour cartographier les glaciers de la région. Il vise aussi à établir d’ici 2025, un système d’alerte et de préparation aux risques liés à la fonte des glaciers pour le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Dans le même temps, l’Organisation va cartographier les zones les plus vulnérables, en vue d’y déployer des systèmes d’alerte précoce pour les populations les plus exposées au risque de catastrophes naturelles et notamment des GLOF (inondations dues au débordement des lacs glaciaires).
L’UNESCO va doubler cet investissement à partir de l’été 2023, grâce au soutien du Fonds mondial pour l’environnement. Elle permettra une connaissance approfondie de l’ensemble de la cryosphère d’Asie centrale – glaciers, permafrost, neige. Cet outil facilitera l’établissement de plans nationaux de gestion de la cryosphère et d’un programme stratégique de coopération entre les pays d’Asie centrale. « La coopération scientifique et la science ouverte sont essentielles pour répondre à la crise de l’eau », a pointé Audrey Azoulay, lors d’une visite in situ des glaciers d’Adygene et de Golubin, au Kirghizistan.
Lors de cette mission, Audrey Azoulay s’est notamment entretenue avec Kassym-Jomart Tokaïev, Président du Kazakhstan, et Sadyr Japarov, Président du Kyrgyzstan. Elle s’est par ailleurs rendue au Mausolée de Khoja Ahmed Yasawi de Turkestan (Kazakhstan), site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2003. Elle a enfin visité une exposition consacrée au patrimoine culturel immatériel kirghize au Musée National Historique de Bichkek (Kirghizstan) qui témoigne de la richesse des traditions et de la diversité culturelle du pays. A cette occasion, elle a rappelé le lien étroit entre la préservation des écosystèmes et la sauvegarde des traditions des communautés qui y vivent.
Source : UNESCO.
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