Vendée Globe, L’autoroute du Sud

Le record des 24 heures sur la sellette ?
La situation est idyllique pour le Britannique. Elle l’est également pour ses proches poursuivants. Leur positionnement, relativement proche des côtes brésiliennes, pourrait surprendre. Mais il s’explique par le fait qu’il faut contourner par l’Ouest le fameux anticyclone de Sainte-Hélène qui s’étend très au large de l’Afrique et barre la route en Atlantique Sud.

Le premier groupe (d’Alex Thomson à Jérémie Beyou, 7e ce soir) commence à incurver sa route vers l’Est pour rester en avant d’une dépression qui sort de la baie de Rio. Alex Thomson est descendu vers le Sud pour aller chercher du vent plus fort. Le Britannique rallonge ainsi sa route, mais il va plus vite. On n’a rien sans rien… On note d’ailleurs qu’Alex est un adepte de cette stratégie : depuis le départ des Sables d’Olonne, il a parcouru près de 200 milles de plus sur l’eau que son dauphin Armel Le Cléac’h (4646 milles contre 4457 milles).
Les bateaux de tête devraient rester en avant de la dépression et ainsi, dans les prochains jours, filer à grande allure dans un angle de vent idéal pour les IMOCA à foils. Le record des 24 heures détenu depuis la dernière édition par François Gabart (534,48 milles) pourrait bien tomber. Et d’après les routages,les premiers pourraient franchir le cap de Bonne Espérance dans une semaine, après 19 jours de course. Pour le moment, le temps de référence est détenu par Armel Le Cléac’h depuis quatre ans, en 22 jours, 23 heures et 46 minutes…
Dans ces conditions propices aux foilers, donc, il sera intéressant d’observer comment résistent Vincent Riou et Paul Meilhat qui naviguent à bord de bateaux à dérives droites très optimisés. Un peu plus en retrait, Jérémie Beyou (Maître CoQ) et Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) espèrent pouvoir s’accrocher au groupe de tête. Car si les conditions sont parfaites pour les premiers, elles vont se complexifier dans le week-end avec des alizés plus perturbés et irréguliers. La question est de savoir qui va accrocher le bon wagon, et qui va rester à quai…

Des bizuths décomplexés
Pour tout le monde ou presque, le Pot au Noir n’est plus qu’un (mauvais) souvenir. Plus de la moitié de la flotte du huitième Vendée Globe navigue désormais dans l’hémisphère Sud. On entre dans le dur. L’équateur franchi, le prochain point de passage symbolique est le cap de Bonne Espérance, qui marque l’entrée dans les mers du Sud. Une échéance vertigineuse, mais qui ne refroidit pas les 14 bizuths du Vendée Globe, qui sont encore tous en course. Deux d’entre eux sont solidement installés dans le Top 10 : Morgan Lagravière et Paul Meilhat. « Je n’ai pas eu de gros soucis techniques pour le moment, ça se déroule bien, je suis plutôt dans le match. Ce n’est pas un scénario parfait, car sinon je serais en tête, mais c’est sympa à vivre et je suis dans une dynamique positive », se réjouissait Morgan Lagravière, joint ce midi dans le Vendée Live.
Thomas Ruyant (Le Souffle du Nord pour le Projet Imagine), lui, lutte contre des figures du Vendée Globe. Ses deux prédécesseurs au classement sont Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) et Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) et son premier poursuivant Kito de Pavant (Bastide Otio).

On peut aussi noter, entre autres belles performances, les prestations de Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) et Conrad Colman (Foresight Natural Energy) qui s’accrochent bien à bord d’IMOCA qui ne sont pas de première jeunesse. « Je veux me rapprocher de Bertrand de Broc et d’Arnaud Boissières. Je suis très content de mon positionnement. Je vais faire ce que je peux avec mon vieux bateau pour rester dans le match », disait cet après-midi Conrad Colman.

Trois questions à l’architecte Guillaume Verdier
En association avec le cabinet VPLP, Guillaume Verdier a dessiné douze des vingt-neuf bateaux engagés dans cette huitième édition, dont les huit premiers au classement !

Douze jours après le départ, on ne déplore pas d’abandon officiel. Que vous inspire cette situation ?
« Elle me réjouit bien sûr. La fiabilité est le sujet qui me donne un nœud à l’estomac. En tant que responsable des structures, c’est ce qui m’inquiète le plus, davantage que la performance. Les bateaux n’ont pas encore subi de tempête, ils sont passés à travers les mailles du filet et cela a bien préservé le matériel. C’est la première fois qu’on va voir autant de bateaux à l’équateur, c’est fantastique. Le seul bémol c’est que Tanguy de Lamotte a rencontré un problème inhabituel (une rupture de la tête de mât, ndr). »

Comment jugez-vous les performances d’Alex Thomson ?
« Je ne suis pas étonné de le voir devant. C’est lui qui a pris les plus grands risques architecturaux. Alex dispose d’un bateau moins polyvalent que les autres foilers, mais quand les conditions lui sont favorables, il est plus rapide. La coque d’Hugo Boss n’est pas très différente de celles des autres foilers. En revanche, pour ce qui est de la taille des foils, il y a une nette différence sur le pourcentage de portance. C’est ce qui fait la différence en terme de performance. C’est un bond en avant d’avoir conçu un appendice si grand. Le fait que le foil pousse plus permet d’avoir moins de résistance, et donc d’aller plus vite. »

Pensez-vous qu’Alex pousse plus son bateau que ses poursuivants ?
« Non, je ne pense pas. Mais comme il aligne des vitesses moyennes plus élevées, la navigation doit être plus stressante. Et attention à la préservation du bateau. Davantage que ses concurrents, il va falloir qu’il soit vigilant dans les tempêtes et dans les mers du Sud, en sachant rétracter son foil suffisamment tôt…

Marine & Oceans
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La revue trimestrielle MARINE & OCÉANS est éditée par la "Société Nouvelle des Éditions Marine et Océans". Elle a pour objectif de sensibiliser le grand public aux principaux enjeux géopolitiques, économiques et environnementaux des mers et des océans. Informer et expliquer sont les maîtres mots des contenus proposés destinés à favoriser la compréhension d’un milieu fragile.   Même si plus de 90% des échanges se font par voies maritimes, les mers et les océans ne sont pas dédiés qu'aux échanges. Les ressources qu'ils recèlent sont à l'origine de nouvelles ambitions et, peut-être demain, de nouvelles confrontations.

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