Le transfert de pavillon du navire de guerre « Gamal Abdel Nasser » doit se faire en présence du ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian et de son homologue égyptien.
Une fois devenu propriété officielle du Caire, le navire polyvalent devrait quitter « quelques jours après » le port de Saint-Nazaire, où il a été construit par les chantiers navals STX France pour le groupe de construction navale DCNS, afin de rejoindre son port base en Egypte, avec à son bord quelque 180 marins égyptiens, selon une source proche du dossier.
La livraison du second porte-hélicoptères, qui doit porter le nom d’un autre ancien président égyptien, Anouar el-Sadate, est quant à elle prévue courant septembre.
Paris et Le Caire avaient finalisé en octobre la vente de ces deux navires polyvalents, initialement construits pour la Marine russe, deux mois après l’annulation de la commande signée en juin 2011 avec Moscou, dont le prix s’élevait à 1,2 milliard d’euros.
Ce rachat par l’Egypte, pour environ 950 millions d’euros, grâce à un financement saoudien, avait mis fin à une affaire dans laquelle la France était empêtrée depuis le début de la crise ukrainienne.
Sous pression des Etats-Unis et de pays membres de l’Otan, François Hollande avait conditionné en septembre 2014 la livraison du premier des deux BPC à la Russie à un règlement politique en Ukraine. Puis il avait décidé le 25 novembre 2014 de suspendre « jusqu’à nouvel ordre » cette livraison.
Ce n’est qu’au terme de plus de huit mois de pourparlers agités avec Moscou que les deux pays étaient parvenus à un accord sur cet épineux dossier, le 5 août 2015, Paris récupérant la « pleine propriété » des deux navires Mistral, alors nommés « Vladivostok » et « Sébastopol » par les Russes, qui auraient dû être livrés à l’automne 2014 et à l’automne 2015.
La rupture du contrat avec Moscou a entraîné le remboursement par la France de quelque 949,7 millions d’euros, correspondant aux avances versées par la Russie, un coût qui ne comprenait pas les frais de gardiennage et de maintien en état opérationnel des navires, stationnés depuis plusieurs mois dans le port de Saint-Nazaire.
– ‘Protéger le canal de Suez’ –
L’Egypte avait exprimé son intérêt pour les deux Mistral au lendemain de l’annonce de l’accord franco-russe sur la non-livraison de ces navires, expliquant, selon la France, avoir le « souci de protéger le canal de Suez ».
Une fois les matériels militaires russes démontés et renvoyés en Russie, et les nouveaux systèmes de communication égyptiens montés à bord, quelque 360 marins égyptiens sont arrivés courant mars à Saint-Nazaire pour se former à la navigation et se familiariser avec l’équipement des navires.
Les équipages ont reçu une formation théorique, notamment avec les chantiers STX de Saint-Nazaire et avec le groupe DCNS, ainsi qu’une formation en mer, à bord de l’ex-Sébastopol, renommé « Nasser » par l’Egypte. Une seconde campagne d’entraînement d’une semaine s’est achevée dimanche.
Deux sorties en mer à bord de l’ex-Vladivostok, le premier à avoir été construit à Saint-Nazaire, sont également prévues en août, avec 180 marins égyptiens et leurs formateurs.
D’une longueur de 199 mètres pour 32 m, les BPC déplacent 22.000 tonnes et croisent à 18 noeuds (33 km/h). Navires de guerre polyvalents, ils peuvent transporter des troupes, jusqu’à 700 hommes, des hélicoptères, des barges de débarquement, des chars d’assaut et une soixantaine de véhicules.
Ces bâtiments de commandement et de projection, pouvant servir à faire débarquer des troupes sur un théâtre d’opérations, bénéficient également d’un hôpital embarqué, qui permettent d’assurer des missions humanitaires de grande ampleur.
DCNS exporte pour la première fois le BPC – le plus gros navire de guerre français après le porte-avions Charles de Gaulle – après avoir livré à la Marine nationale en 2006, 2007 et 2012 les trois premiers, le Mistral, le Tonnerre et le Dixmude, réalisés avec les chantiers STX France.
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