Ce n’est pas parce qu’ils l’ont bien cherché, à aller mettre le museau de leur IMOCA60 dans le cœur d’une dépression bien dense, qu’il faut nier le fait que nos solitaires en bavent sur la route des Sables. Et, mis à part le groupe en queue de peloton qui, lui, s’impatiente dans les vents faiblards avec l’appétit de jeunes premiers au festival du Off, les acteurs de la grande scène brûlent les planches, certes, mais ils souffrent depuis deux jours et demi maintenant.
C’est en serrant les dents, et souvent un peu plus, qu’Alex Thomson (Hugo Boss), Jérémie Beyou (Maître CoQ) et Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) jouent avec la puissance de leurs bateaux à foils qu’ils apprennent encore à maîtriser. Et, si c’est passé sans dommage réel pour les deux skippers français, on sait mieux aujourd’hui pourquoi la vitesse d’Hugo Boss est passée d’un coup de 20 nœuds et plus, à 6 nœuds et moins. « Je dormais quand l’alarme du pilote s’est enclenchée : il avait décroché. J’allais à 28 nœuds environ, le bateau a immédiatement viré dans un gros vrac.
Il y avait 40 nœuds de vent, j’étais sous deux ris grand-voile et J3. Le bateau s’est couché, le mât était presque dans l’eau. » En cause, vraisemblablement « un dysfonctionnement du GPS qui aurait entraîné une déconnection du pilote, énonce le Britannique. Ça nous a pris sept heures d’investigation pour arriver à la conclusion. Au final, ça m’a coûté 80 à 100 milles ».
Maître CoQ prend la main
Le temps de remettre le tandem homme-bateau en état, Beyou et Josse, qui mènent bon train sans relâche, étaient revenus pratiquement dans son sillage.
En une trentaine d’heures, avec d’ailleurs un coup d’arrêt jeudi après-midi toujours pas expliqué, Alex Thomson aura bel et bien perdu ses 100 milles d’avance. Samedi, au classement de 15 heures, il accusait même 32 milles de retard sur le nouveau leader, Jérémie Beyou (Maître CoQ) et Sébastien Josse, bien calé à 3,2 milles dans l’aspiration du Finistérien.
S’il faudra sans doute attendre son arrivée, mardi soir, pour comprendre réellement pourquoi Thomson avançait ce samedi à 15 nœuds dans 31 nœuds de vent au portant, il serait dommage de patienter pour profiter de ce qu’éprouve Jérémie Beyou, nouveau leader depuis 8 heures du matin samedi :« Quand on me demandait si la victoire était l’objectif, je répondais oui parce qu’il faut dire oui. Mais l’objectif était avant tout de tester le bateau et là, c’est en grandeur réelle. Je suis face aux deux bateaux les plus rapides de la flotte et je tiens le rythme. Je prends ce qui arrive, je me suis remis en mode solitaire – c’est ma première course en solo depuis la Route du Rhum 2014. Cette semaine est donc très positive. Mais là, j’ai vraiment envie de sortir en un morceau de cette baston et, si on réussit à en sortir tous les trois pour être à la bagarre pendant trois jours pour la victoire, ça serait vraiment la cerise sur le gâteau ».
Quelques heures encore à tenir
Il reste un peu de chemin pour Beyou comme ses deux rivaux. Dans les heures à venir, ils sortiront de la dépression, puis passeront juste devant le front. Le vent refusera alors et mollira. « On aura un long bord vent de travers en direction du Golfe de Gascogne, poursuit le skipper de Maître CoQ. Il va falloir trouver la bonne voilure, puis chacun s’orientera en fonction de là où il pense qu’il trouvera du vent » à l’abord des côtes françaises, où ça devrait être particulièrement calme, mardi.
Le record Delma de la plus grande distance effectuée en 24 heures est détenu depuis 07h00 le 1er juin par Alex Thomson (Hugo Boss), qui a parcouru 487 milles à la vitesse moyenne de 20,3 nœuds.
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Classement de la Transat New York-Vendée (Les Sables d’Olonne) du samedi 4 juin à 15h30 UTC
1/ Jérémie Beyou (Maître CoQ) à 967.4 nm de l’arrivée
2/ Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) à 1,4 nm du leader
3/ Alex Thomson (Hugo Boss) à 33 nm
4/ Paul Meilhat (SMA) à 306.2 nm
5/ Tanguy de Lamotte (Initiatives Cœur) à 338.0 nm
6/ Vincent Riou (PRB) à 345.6 nm
7/ Kojiro Shiraishi (Spirit of Yukoh) à 440.2 nm
8/ Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) à 557.3 nm
9/ Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) à 1 334.9 nm
10/ Morgan Lagravière (Safran) à 1 355.4 nm
11/ Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) à 1 380.5 nm
12/ Conrad Colman (100% Natural Energy) à 1 396.6 nm
13/ Pieter Heerema (No Way Back) à 1 415.8 nm
Ab Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII)