Le système antimissiles « nuira gravement aux intérêts de sécurité stratégiques des pays de la région, dont la Chine », a indiqué le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur son site internet.
Pékin « exprime sa forte désapprobation et sa ferme opposition », a ajouté le ministère.
Washington et Séoul ont annoncé vendredi être parvenus à un accord pour déployer un système antimissiles THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) en Corée du Sud, en réaction à la multiplication des menaces venues de Corée du Nord.
Les deux pays avaient commencé à parler du déploiement de ce dispositif en février, un mois après le quatrième essai nucléaire nord-coréen.
La Chine estime cependant que le THAAD couvre une zone allant bien au-delà de la péninsule coréenne, et menace ainsi les intérêts chinois.
« La Chine presse fermement les Etats-Unis et la Corée du Sud d’arrêter l’opération de déploiement du système antimissiles », a souligné le ministère chinois des Affaires étrangères vendredi, estimant que le THAAD « n’aidera pas à réaliser la dénucléarisation de la péninsule coréenne ».
L’annonce du déploiement du système antimissiles intervient dans un contexte déjà particulièrement tendu entre la Chine et les Etats-Unis.
Les deux pays s’affrontent actuellement sur un autre dossier: celui de la mer de Chine méridionale, sur lequel une cour internationale se prononcera mardi dans une décision très attendue.
Pékin revendique la souveraineté de la quasi-totalité de cette mer, au grand dam de pays riverains ayant des prétentions rivales, notamment les Philippines — alliées militaires de Washington.
Pour légitimer ses revendications territoriales, la Chine a agrandi artificiellement des îlots ou récifs et y a implanté pistes d’atterrissage, ports et autres installations.
En réplique, l’US Navy a renforcé sa présence dans la région, envoyant ces derniers mois des navires de guerre à proximité.
Le porte-avions américain Ronald Reagan croise actuellement dans la région.
La Cour permanente d’arbitrage basée à La Haye, saisie unilatéralement par les Philippines, doit rendre mardi son jugement sur les contentieux territoriaux entre Manille et Pékin.
La décision, pressentie comme défavorable à la Chine, devrait encore conforter la défiance chinoise à l’égard de Washington, Pékin ayant annoncé qu’il ne reconnaîtra pas la sentence, jugeant la cour non compétente.
« Si les Etats-Unis et les Philippines agissent de manière impulsive et se risquent à des provocations flagrantes, la Chine ne reculera pas du moindre pas », a prévenu vendredi le Global Times, un quotidien du Parti communiste (PCC)au ton nationaliste.
Quant au système antimissiles américain en Corée du Sud, loin d’apaiser les tensions, il pourrait au contraire provoquer une course aux armements, selon la Chine.
Pékin, allié historique de la Corée du Nord, souhaite la reprise des pourparlers sur le programme nucléaire nord-coréen, soulignant que les sanctions, qu’il a votées, n’étaient pas une fin en soi.
Le système THAAD est conçu pour intercepter et détruire des missiles balistiques juste avant ou durant leur rentrée dans l’atmosphère, lors de leur dernière phase de vol.