Dès 9 heures, dans une ambiance festive, des plongeurs ont ratissé les fonds marins du Vieux-Port de Marseille, encouragés par une fanfare. Sur les quais, de grandes bennes accueillaient les trouvailles, souvent insolites, commentées par les passants.
« Regardez toutes ces bouteilles, c’est sûr avec tous les hommes qui ont bu sur le Port pendant l’Euro! », décrypte une dame âgée. Les bouteilles de bière et les pneus figurent parmi les objets les plus nombreux à être repêchés, mais les volontaires ramassent aussi des chariots de supermarché, des chaussures, du matériel de pêche…
« On dit que les plaisanciers polluent, mais regardez ce qu’on trouve! », s’exclame Clothilde Réguini, volontaire de la Société nautique des Bouches-du-Rhône en désignant un tas de bouteilles.
La Fédération des sociétés nautiques des Bouches-du-Rhône, qui a pris l’initiative du nettoyage avec le soutien de la métropole, tente aussi de sensibiliser le public à la pollution de la mer. Sur les quais, des ordures sont « exposées » avec des pancartes explicatives, comme au musée: « Artiste: un propriétaire de bateau peu scrupuleux », « histoire de l’oeuvre: c’est plus facile et moins cher de se débarrasser de son ancienne batterie en la jetant à l’eau, mais la quantité de produits chimiques qu’elle contient fait de cet acte une grave pollution ».
Christian Pérez, ancien marin et bénévole du nettoyage, affiche son dégoût: « la mer est une grande poubelle… ». Mais selon lui, « c’est bien qu’on nettoie le port, mais il faudrait qu’on s’occupe des boues rouges dans les calanques aussi, ça c’est bien pire! » L’usine de Gardanne (Bouches-du-Rhône) a rejeté pendant 50 ans des « boues rouges », toxiques, en plein coeur de l’actuel Parc national des calanques.
« C’est la première fois qu’on nettoie ainsi toutes les pannes du Vieux-Port (ndlr: appontements pour amarrer les bateaux), plus de 100 plongeurs ont participé », a indiqué à l’AFP Raphaël Mira, chargé de communication de l’opération.
En fin de matinée, les volontaires avaient rempli 20 bacs de 7 m3 avec « 90% de déchets provenant de la terre », selon Michel Lamberti, président de la FSN13. Très enthousiastes, les volontaires ont promis de revenir l’an prochain, « notamment pour rechercher une Alfa Romeo des années 70 trop compliquée à extraire cette fois-ci », raconte Raphaël Mira.
Au milieu des eaux polluées, les plongeurs ont parfois fait de belles rencontres, comme ce lièvre de mer – grosse limace sous-marine – devenue rare au large, qui surnageait au milieu des bateaux.
En janvier, le canal Saint-Martin à Paris avait été quasiment vidé pour être nettoyé.