« La construction navale militaire et de sécurité est directement dépendante de l’évolution des relations internationales et du niveau de sécurité mondiale », explique Patrick Boissier, le président d’Euronaval.
« En cette période où le risque terroriste vient s’ajouter aux tensions régionales et aux revendications territoriales et économiques en mer, de nombreux pays maritimes font le choix légitime de renforcer l’équipement de leurs marines », poursuit-il.
Pour cette 25ème édition de la biennale, la plus importante manifestation mondiale du naval de défense table donc sur une fréquentation en hausse de plus de 10% des exposants, soit 391 au total dont 56% d’étrangers.
Au total, quelques 25.000 visiteurs sont attendus, dont un nombre record de délégations et des industriels en provenance de près de 100 pays.
L’Europe, avec 36 milliards de dollars de carnet de commandes, pèse près du quart de l’activité navale mondiale, mais elle fait face à une concurrence qui se durcit à l’export, dont la croissance aiguise les appétits de pays comme la Chine et la Corée du Sud.
Ces derniers sont devenus des acteurs significatifs du secteur, de même que la Turquie ou le Japon, dans un marché d’environ 40 milliards de dollars par an.
A elle seule, la France dispose de 12 milliards de carnet de commande, soit une part de marché mondiale de 8%.
– Retour des Etats puissance –
« Il y a deux grands +drivers+ du marché (…) le retour des +Etats puissance+ » et « la multiplication des zones d’instabilité », relève pour sa part Hervé Guillou, le patron du groupe naval français DCNS.
Les Chinois construisent trois frégates par mois et un sous-marin tous les quatre mois, selon lui, tandis que le budget russe est en progression de quelques 17% par an depuis plusieurs années.
Dans ce contexte, on observe « l’arrivée de nouveaux acteurs de très grosse taille à l’international. Ce qui est très nouveau et lié aux Etats puissance », ajoute-t-il en citant les noms du Russe OSK, du Chinois CSSC, mais aussi des Japonais, des Sud-Coréens et bientôt des Indiens.
« Tous sont beaucoup plus actifs sur les marchés ouverts que les Américains (…) et arrivent avec une gamme qui rentre par le bas et des appétits internationaux extrêmement forts », note Hervé Guillou.
« Le terrain de jeu change, poursuit-il, mais ce qui est nouveau, c’est l’accélération des ruptures technologiques. On assiste à une accélération absolument exceptionnelle des cycles de renouvellement des technologies ».
Ainsi, des cycles qui représentaient une quinzaine d’année voilà peu se réduisent à des séquences de 3 à 5 ans, voire encore moins en raison de l’accélération du numérique.
Le défi pour DCNS, comme pour les autres acteurs français, est donc l’adaptabilité des bâtiments et le maintient de la supériorité technologique face à ces nouveaux entrants, alors que l’industrie de défense française représente 165.000 emplois, selon la Direction générale de l’armement (DGA).
Avec un bilan largement positif ces dernières années: les prises de commandes des entreprises françaises de défense à l’exportation ont atteint en 2015 le montant historique de 16,9 milliards d’euros, soit plus du double du résultat de l’année précédente, rappelle la DGA.
Selon une étude d’impact réalisée en 2014, les exportations d’armement ont permis de réduire le déficit commercial de la France de l’ordre de 5 à 8% sur la période 2008-2013, et d’irriguer économiquement tout le territoire.
Et les perspectives restent favorables, avec notamment la qualification de DCNS au printemps pour concevoir et fabriquer la prochaine génération de sous-marins de l’Australie, dans le cadre d’un programme évalué à 50 milliards de dollars australiens (soit 38 milliards de dollars US ou 33 milliards d’euros).
D’autres prospects sont dans le radar des industriels français, notamment un appel d’offres pour fournir six sous-marins à la Norvège, un marché pour lequel DCNS « va se battre » avec acharnement, promet Hervé Guillou.
dlm/sw/fpo/pb
THALES