Les familles des victimes ont toujours considéré que le chalutier breton avait été entraîné par le fond par un sous-marin qui se serait pris dans ses filets, alors qu’un exercice militaire international se déroulait dans cette zone. La justice française a cependant conclu à un non-lieu, mais une procédure est en cours devant la justice britannique.
Le sous-marin américain USS Hyman G. Rickover était en escale à Portsmouth (sud de l’Angleterre), soit à quelque 200 mille nautiques (370 km) du lieu du naufrage, du 2 au 17 décembre 2003, selon un rapport déclassifié de mars 2004 adressé par le commandant Kenneth L. Grey à son autorité.
Le sous-marin réapparaît ensuite le 2 février suivant à Tromso, en Norvège, affirme le quotidien régional, citant toujours les documents déclassifiés de la marine américaine. Il ajoute que le bâtiment, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), a bien mené une mission antiterroriste en Atlantique Nord de décembre 2003 à février 2004, ainsi que l’indiquent les documents consultés.
Un expert, Dominique Salles, ancien patron de la Force océanique stratégique française (Fost), avait remis une note à la justice française concernant la présence sur zone d’un sous-marin américain, mais cette piste n’avait pas été explorée.
Selon cet expert, les Américains auraient surveillé un transport de déchets nucléaires qui a eu lieu le 19 janvier 2004, c’est à dire quatre jours après le naufrage.
« Au moment où la justice anglaise se saisit très activement de l’affaire (…), le fait que tombe du ciel cette information me laisse extrêmement prudent », a réagi auprès de l’AFP Dominique Tricaud, avocat du fils et de la fille du mécanicien du Bugaled Breizh.
« Les mensonges prouvés et les manipulations, on n’a vu que ça depuis 12 ans », a-t-il expliqué. Si le procureur de la République de Nantes « estime cette information importante, il doit immédiatement rouvrir l’enquête. S’il ne le fait pas, ça veut dire que les autorités judiciaires françaises considèrent que cette information est une nouvelle manipulation », a poursuivi l’avocat, qui privilégie l’hypothèse de l’implication dans le drame d’un sous-marin britannique, le Turbulent.
Le Bugaled Breizh avait coulé en quelques dizaines de secondes, entraînant ses cinq marins dans la mort, le 15 janvier 2004, dans une zone où se déroulaient au même moment des manoeuvres navales de l’Otan et de la Marine britannique impliquant des sous-marins de diverses nationalités.
Le Bugaled Breizh, immatriculé au Guilvinec (Finistère), avait été retrouvé par environ 80 mètres de fond au large du cap Lizard (Grande-Bretagne).