Inauguré jeudi sur le site du siège du groupe Seb à Ecully, dans l’agglomération lyonnaise, qui a soutenu financièrement le projet, il s’agit du premier jardin conservatoire en France issu de cette incroyable banque de graines.
L’Institut Vavilov de Saint-Pétersbourg renferme 325.000 semences, racines, boutures collectées dans le monde depuis 1894. Il porte le nom de l’éminent botaniste Nicolaï Vavilov (1887-1943) qui a passé sa vie en expéditions à récolter des variétés sauvages ou cultivées, convaincu que la sécurité alimentaire ne serait assurée que si la diversité biologique était préservée. D’où l’importance de disposer de l’éventail de variétés le plus large, en remontant jusqu’au parent sauvage d’une plante cultivée.
Preuve que cette collection n’a pas de prix, 12 collaborateurs de l’Institut sont morts de faim pendant le blocus de « Leningrad » pour sauver ce patrimoine alors qu’ils avaient sous la main des milliers de semences de blé et de maïs qu’ils auraient pu manger.
Vavilov renferme une partie de la mémoire végétale du monde. Il a fallu d’ailleurs aller à Saint-Pétersbourg pour retrouver des légumes français oubliés comme le haricot beurre nain des Monts d’or, le chou quintal d’Auvergne ou l’orge gloire du Velay, souligne Stéphane Crozat, directeur du CRBA, le centre de ressources de botanique appliquée basé à Marcy-L’Étoile, dans l’ouest lyonnais.
« Face à l’érosion de la diversité, il est très important d’avoir ce premier jardin conservatoire Vavilov en France et 15 autres devraient voir le jour prochainement », se félicite Nicolaï Dzyubenko, directeur de l’Institut.
La spécificité de Vavilov, à la différence par exemple de la banque de semences végétales congelées de l’archipel arctique du Svalbard, est que sa collection est in situ, notamment pour les vergers. Les graines quant à elles sont resemées tous les dix ans, date limite de conservation d’une semence, souligne Ivan Logvenoff, agronome chez le paysagiste Tarvel, un des autres partenaires locaux du projet.