« Les caribous sont malheureusement très sensibles aux perturbations humaines, et nous dérangeons le caribou de plus en plus. Ces facteurs de stress semblent interagir de manière complexe avec le réchauffement rapide dans le Nord », a résumé Justina Ray dans un rapport du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (Cosepac).
Le caribou « fait l’objet de déclins alarmants », de « nombreuses hardes nordiques ont maintenant atteint des niveaux historiquement bas, et il y a lieu de s’inquiéter qu’elles ne se remettront pas », craignent les experts de l’organe scientifique qui émet des recommandations au gouvernement fédéral.
Le Comité a étudié cette année deux populations de ce cervidé, le troupeau de la toundra, jugé « menacé », et celui des monts Torngat aux confins de l’Arctique québécois et du Labrador, classé « en voie de disparition », c’est-à-dire dont la « disparition est imminente ».
Les causes du déclin de cet animal sauvage vont du recul de la forêt boréale sous l’action de la sylviculture et de la prospection minière, aux perturbations de son habitat sous l’effet du réchauffement climatique, bien plus prononcé dans l’Arctique que sur le reste de la planète.
En octobre, le Fonds mondial pour la nature (WWF) s’était lui aussi alarmé du déclin « particulièrement troublant » des hardes de caribous de l’Arctique canadien, notant notamment que certains troupeaux se sont effondrés de 95 à 98% en 30 ans à peine.
Autre espèce migratoire, le papillon monarque a été classé « en voie de disparition » notamment car ses aires d’hivernage au Mexique, déjà « remarquablement minuscules », « continuent de s’effriter », selon le Cosepac.
Ce papillon parcourt chaque automne 4.000 km entre le Canada et le Mexique pour fuir la neige, mais cette espèce pourrait s’éteindre si rien n’est fait pour protéger « ses aires d’hivernage critiques ».
En juin, 200 intellectuels, scientifiques et artistes américains, mexicains et canadiens avaient écrit aux dirigeants de ces trois pays pour exiger l’interdiction des activités minières et de la coupe illégale de bois dans la réserve mexicaine où les monarques viennent passer l’hiver.
Ils réclamaient en outre l’interdiction des pesticides sur les parcelles où pousse l’asclépiade, une plante sur laquelle pondent les femelles du papillon. Un herbicide utilisé dans les cultures de maïs et de soja transgéniques était également pointé du doigt.