Il y a 70% de risques que la population d’ours blancs, estimée à 26.000 individus, diminue de plus de 30% dans les 35 prochaines années, c’est-à-dire en trois générations, indique cette étude publiée dans la revue britannique Royal Society’s Biology Letters.
D’autres études sont parvenues à des conclusions similaires, notamment une évaluation de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui a classé « ursus maritimus » « vulnérable » sur sa liste des espèces en danger.
Mais l’étude parue mercredi est la plus complète à ce jour. Les chercheurs ont croisé des données sur la banquise recueillies par satellite pendant 35 ans avec tous les changements connus concernant 19 groupes d’ours polaires répartis sur quatre zones écologiques.
« Les ours polaires dépendent de la banquise pour la plupart des aspects de leur vie », rappellent les chercheurs. Ils l’utilisent en particulier comme une plateforme flottante pour chasser les phoques.
L’équipe dirigée par Eric Regehr, du Service des poissons et de la vie sauvage à Anchorage, en Alaska, a élaboré trois scénarios de population à l’horizon 2050.
Le premier envisage une proportionnalité entre la diminution de la population d’ours et celle de la banquise.
Malgré des fluctuations d’une année à l’autre, la tendance à long terme est incontestable: les dix surfaces de glace les plus faibles ont toutes été observées depuis 2007.
Le niveau le plus bas –3,41 millions m2–, constaté en 2012, était inférieur de 44% à la moyenne de la période 1981-2010. Et selon le Centre de données sur la neige et la glace (NSIDC) américain, la surface de la banquise en octobre et en novembre a été la plus faible jamais constatée pour ces deux mois.
En cause, le réchauffement climatique, qui a entraîné une augmentation de plus de 2°C des températures en Arctique par rapport à la période préindustrielle — une hausse deux fois plus importante que celle de la température moyenne mondiale.
Si cette tendance se poursuit, l’Arctique pourrait connaître dès les années 2030 des été sans glace, selon les climatologues.
Dans les deux autres scénarios, les mêmes projections concernant la banquise ont été confrontées aux données disponibles sur l’évolution de certaines populations d’ours, pendant au moins une décennie, sur de petites zones dans un cas, sur l’ensemble des quatre zones dans l’autre.
Si l’on fait la moyenne des résultats des trois scénarios, la probabilité que le nombre d’ours chute d’un tiers en 35 à 41 ans dépasse les 70%, selon l’étude.
Les ours blancs sont également confrontés à d’autres menaces.
La semaine dernière, une étude parue dans la revue Royal Society’s Proceedings B, suggérait que le déclin de certaines populations proviendrait d’une stérilité des mâles provoquée par les produits chimiques qu’ils ingèrent via leurs aliments.