Baptisée « Floatgen », cette éolienne flottante de 80 mètres de diamètre, équipée d’une turbine de 2 mégawatts, devrait être remorquée à l’automne sur le site d’expérimentation en mer Sem-Rev, situé à 20 km des côtes, puis raccordée au réseau électrique pour une expérimentation de deux ans, ont indiqué mardi trois des partenaires de ce projet européen lors d’une visite du chantier, sur le port de Saint-Nazaire.
Il s’agira de la première éolienne en mer mise en service en France, encore totalement dépourvue de ce type d’équipement, qu’il soit fixe ou flottant. Plus de 3.000 éoliennes « posées » sont actuellement en exploitation dans le monde, pour une capacité totale de 12 gigawatts (GW) environ.
Filière encore émergente au niveau mondial, l’éolien flottant ne compte que six démonstrateurs: au Japon, en Norvège et au Portugal. Le projet « Floatgen », lancé en 2013 et représentant un investissement de 25 millions d’euros, constituera donc la septième éolienne flottante pilote. La France a lancé par ailleurs deux projets de fermes pilotes, en Bretagne, au large de l’île de Groix, et en Méditerranée, au large de Gruissan.
« L’éolien posé repose sur des technologies qui fonctionnent à une profondeur relativement faible. Les seuls endroits dans le monde où il y a des sites propices, assez loin des côtes à faible profondeur sont en mer du Nord (…). Ces sites ont déjà été développés ou sont en cours de développement, donc clairement l’avenir de l’éolien en mer passe par celui du flottant », assure Paul de la Guérivière, PDG d’Ideol, coordinateur du projet « Floatgen ».
– Eoliennes ancrées par des câbles –
Simplement ancrées au plancher marin au moyen de câbles, les éoliennes flottantes peuvent être installées jusqu’à 250 mètres de profondeur, donc loin des côtes et là où les vents sont plus forts et stables, contre seulement 40 mètres pour les éoliennes posées, qui doivent se situer plus près du rivage.
Autre avantage des engins flottants: leur assemblage se fait à terre avant d’être remorqués sur zone, ce qui réduit les coûts.
La construction de « Floatgen » avait été lancée le 1er juin 2016 sur le port de Saint-Nazaire, après trois ans d’études.
En forme d’anneau carré, permettant une meilleure stabilité, le flotteur de cette éolienne est constitué d’une coque en béton, un matériau « trois fois plus léger que l’acier », habituellement utilisé dans les projets concurrents, souligne Nicolas Jestin, directeur commercial de Bouygues Travaux Publics.
Une fois remorqué au large des côtes, le flotteur sera maintenu sur le site d’expérimentation à l’aide de deux lignes d’ancrage à l’avant et de quatre à l’arrière, en nylon, une fibre synthétique élastique et non sujette à la corrosion.
Puis il sera raccordé au réseau électrique, à l’aide d’un câble haute tension de 8 MW déjà installé, qui va jusqu’au Croisic.
Des tests seront menés en conditions réelles pendant deux ans pour examiner « la résistance des ancrages, la stabilité de la plateforme, sa capacité à résister aux tempêtes et aux effets de la houle. Et si tout va bien, l’énergie produite pourra alimenter 2.000 à 5.000 foyers », met en avant Arnaud Poitou, directeur de l’Ecole centrale de Nantes, concessionnaire du Sem-Rev, une zone d’un km2 dans l’océan.
Si l’expérimentation est un succès, Ideol envisage un déploiement de sa fondation flottante à grande échelle. Outre le projet « Floatgen » et celui de la ferme pilote en Méditerranée, la société basée à La Ciotat (Bouches-du-Rhône) doit construire des éoliennes pour le Japon et Taïwan.
Energie d’avenir, l’éolien flottant a un potentiel de 6 GW en France à horizon 2030. Celui de l’éolien posé est estimé à 12 à 15 GW. Six projets de parcs offshore ont déjà été attribués et deux autres sont en cours d’appels d’offres, au large de Dunkerque et de l’île d’Oléron.
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