Franchissant en vainqueur la ligne d’arrivée de la Transat New York-Vendée en juin dernier, Jérémie endossait un statut de sérieux prétendant au podium du Vendée Globe 2016-2017. C’est donc fort d’une confiance supplémentaire que le triple vainqueur de la Solitaire du Figaro (2005, 2011 et 2014) partait à l’assaut de son troisième tour du monde en solo. Une dose de confiance bien utile, car en effet la boucle du skipper de Maître CoQ fut émaillée de pépins techniques. Lâché peu après le départ par deux de ses pilotes automatiques, puis subissant une panne d’antennes Fleet qui le prive de ses moyens de communication et donc d’informations météo, Jérémie Beyou pioche rapidement dans ses ressources pour s’accrocher au groupe de tête. Les ennuis ne s’arrêtent pas là : « Quand mon hook de grand-voile a cassé, j’ai failli baisser les bras. Il faisait nuit noire je me disais que je n’arriverais pas à réparer. Après, je ne sais pas où je suis allé chercher ça, mais j’ai réussi à le faire. Chaque manœuvre propre est une belle victoire, il faut se satisfaire de ça. » Dans le groupe de tête, les abandons successifs de Vincent Riou (PRB), Morgan Lagravière (Safran) au passage du premier cap, puis de Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) et Paul Meilhat (SMA) après l’Océan Indien, laissent Maître CoQ un peu seul, dans son combat avec lui-même et en plus proche chasseur de Banque Populaire VIII et Hugo Boss dans le Pacifique, puis dans la remontée de l’Atlantique.
Cap-Hornier, enfin !
Malgré l’adversité et les tracas techniques, Jérémie maintient sa troisième position jusqu’au bout, jamais réellement menacé par son trio de poursuivants Jean-Pierre Dick, Yann Eliès et Jean le Cam qui naviguent collés-serrés quelques centaines de milles dans son sillage. Le skipper de Maître CoQ ne boude pas son plaisir alors qu’il franchit son premier cap Horn, le 27 décembre après 51 jours de course : « J’ai pris beaucoup de départs de tours du monde, entre le Vendée Globe, le Trophée Jules-Verne et la Barcelona World Race, à chaque fois, je n’ai pas réussi à passer le cap Horn, donc il est temps ! » Le marin de la baie de Morlaix aura ensuite assuré sa remontée de l’Atlantique dans la plus grande vigilance, entre vents erratiques et horripilantes zones de calmes. «J’y vais pas à pas, jour après jour, chaque journée passée est une journée gagnée, j’essaie d’avancer comme ça, sans me projeter plus loin » se désole le skipper qui reste scotché plusieurs heures par les caprices d’Eole avant d’achever laborieusement sa boucle jusqu’à la bouée Nouch Sud qui marque la ligne d’arrivée.
Quelques chiffres à retenir :
Jérémie Beyou, troisième solitaire arrivé aux Sables d’Olonne a parcouru 27 101 milles nautiques à la vitesse moyenne de 14.43 noeuds . Sa meilleure moyenne est de 21 noeuds avec une distance de 504 milles couverts en 24h (le 21 novembre).