Parti fin mai 2016 de Lorient, port de l’ouest de la France, le navire de 36 mètres de long, 10 de large et 27 de hauteur de mât, aura sillonné près de 100.000 km jusqu’en septembre 2018, du canal de Panama à l’archipel du Japon, puis de la Nouvelle-Zélande jusqu’en Chine et son retour à Lorient.
« Bien qu’ils ne soient pas encore exhaustifs, les premiers constats font état de récifs très endommagés par le réchauffement climatique », a déclaré la Fondation Tara, après huit mois de collecte d’échantillons de coraux, de poissons de récifs, d’eau et d’algues par ses équipes de biologistes, océanographes, spécialistes du plancton originaires du monde entier.
« A Futuna, que nous avons visité au mois de décembre, ce sont des récifs incroyablement intacts, tout va très bien, la diversité est incroyable, la vie marine se porte très bien. Mais, à trois jours de mer, que ce soit au Tuvalu, au Kiribati, aux Samoas, 70% de ce qu’on a vu était mort », a raconté Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara Expéditions, au cours d’un point de presse.
« Cet animal qu’est le corail a perdu sa petite algue qu’il incorpore pour vivre, il a été blanchi comme nos os », a-t-il expliqué, précisant que ce phénomène se produit autour de 31°C et que si la température ne baisse pas dans les trois semaines, l’animal, qui s’anime d’habitude à la nuit tombée pour se nourrir, finit par mourir.
Le ministère japonais de l’Environnement avait de son côté au début de l’année annoncé la mort à 70% du plus grand récif du pays, celui de la zone de Sekiseishoko dans l’archipel subtropical d’Okinawa.
« Ce qui s’est passé à Okinawa (…) se passe à peu près partout où nous sommes passés en huit mois », a précisé M. Troublé, marin et biologiste moléculaire.
Les coraux sont importants pour le tourisme, la protection des côtes et servent de nurseries aux jeunes poissons, a-t-il rappelé. Ils ne représentent que 0,2% de la surface des océans mais réunissent près d’un tiers des espèces marines.
Après son arrivée prévue le 8 février au Japon sur l’archipel d’Ogasawara au sud de l’île principale de Honshu, la goélette effectuera une série d’escales pédagogiques et médiatiques du 18 février au 25 mars avant trois semaines de mission scientifique au Japon.
Cette expédition est la 11e menée par la goélette, qui a déjà parcouru l’Arctique pour y étudier la banquise, navigué sur toutes les mers du globe à la découverte du plancton ou sillonné la Méditerranée pour mesurer l’impact de la pollution des plastiques.