Le volume global d’oxygène dans les océans a « baissé de plus de 2% (…) depuis 1960, avec de grandes variations selon les différents bassins océaniques et les différentes profondeurs », indique une équipe de chercheurs du Centre Geomar Helmholtz pour la recherche océanique de Kiel (Allemagne).
En outre, le volume d’eaux océaniques entièrement dépourvues d’oxygène a plus que quadruplé durant la même période.
Les modèles prévoient « une baisse de 1% à 7% de l’oxygène dissous dans les océans d’ici à 2100, provoquée par une diminution de la solubilité de l’oxygène à cause du réchauffement des eaux et par une moindre ventilation des eaux profondes », écrivent Sunke Schmidtko, Lothar Stramma et Martin Visbeck.
« Une telle baisse de la quantité d’oxygène dans les océans pourrait affecter les cycles nutritifs et l’habitat marin, avec des conséquences potentiellement néfastes pour la pêche et les activités économiques côtières », soulignent-ils.
A la différence d’études antérieures, qui portaient sur des périodes plus courtes ou des zones plus limitées, cette étude porte sur l’intégralité de la colonne d’eau de l’ensemble des océans pendant cinquante ans (1960-2010).
Les chercheurs ont observé « une baisse des niveaux d’oxygène significative d’un point de vue statistique pour l’ensemble des océans et pour cinq des dix régions océaniques étudiées: l’Arctique, l’Atlantique équatorial, l’Atlantique sud, le Pacifique nord et l’océan Austral », relève Denis Gilbert, de l’Institut Maurice-Lamontagne à Mont-Joli (Canada), dans un commentaire de l’étude également paru dans Nature.
Pour les cinq autres régions (Atlantique nord, Pacifique équatorial, Pacifique Sud, océan Indien équatorial et océan Indien sud), leurs estimations ne sont pas statistiquement significatives mais sont également toutes négatives.
L’océan Arctique ne représente qu’environ 1,2% du volume total des océans mais représente 7,6% de la baisse d’oxygène globale, indique l’étude.
« C’est peut-être une indication supplémentaire du fait que l’océan Arctique change beaucoup plus rapidement que n’importe quelle autre partie des océans, en réaction au réchauffement provoqué par les gaz à effet de serre », estime M. Gilbert.
« Une baisse de 2% de l’oxygène dans les océans, ça ne paraît pas beaucoup, mais ses conséquences sur les écosystèmes marins pourraient être graves dans les zones océaniques où le niveau de l’oxygène est déjà bas (…) parce que des seuils critiques pour la survie pourraient être franchis », souligne Denis Gilbert.
« De plus, quand d’autres facteurs de stress associés au réchauffement global –comme l’augmentation du CO2 et des eaux plus chaudes– s’ajoutent à des niveaux d’oxygène plus bas, les effets cumulés sur la vie marine peuvent même être pires ».