A l’issue d’une mission menée du 10 au 19 juillet, l’institution internationale a exprimé jeudi dans un communiqué son insatisfaction quant à l’absence persistante d’explications sur la destination exacte des emprunts contractés par le gouvernement mozambicain.
« Des questions cruciales quant à la destination des sommes empruntées demeurent sans réponse », relève le FMI.
Les experts du FMI « ont exhorté le gouvernement à prendre des mesures pour combler les lacunes en matière d’informations et à améliorer son plan d’action visant à renforcer la transparence ».
Le porte-parole du ministère des Finances du Mozambique, Domingos Chapungo, a déclaré que le gouvernement ne ferait pas de commentaire dans l’immédiat sur les déclarations du FMI.
Entre 2012 et 2014, trois entreprises à capitaux publics liées aux services secrets et au ministère de la Défense mozambicains ont emprunté secrètement auprès de banques étrangères – dont Credit Suisse – quelque 2 milliards de dollars pour acheter du matériel de surveillance maritime et des navires.
Le gouvernement s’était alors abstenu de demander l’autorisation au Parlement, comme l’exige pourtant la Constitution.
La révélation de l’affaire en avril 2016 avait suscité la colère des principaux bailleurs de fonds du pays qui avaient gelé leur aide budgétaire, plongeant le Mozambique dans une profonde crise économique et financière.
En juin dernier, un audit indépendant réalisé par le cabinet Kroll Associates UK à la demande du bureau du procureur mozambicain, comparant le prix des équipements facturés aux entreprises à des prix estimés par un expert indépendant, avait pointé du doigt des « incohérences », relevant qu’au moins 500 millions de dollars de dépenses sur les 2 milliards de dettes cachées demeuraient inexpliquées.
Le rapport du cabinet d’audit soulignait également le « rôle déterminant » joué par le fournisseur des équipements, le groupe Privinvest Shipbuilding, dirigé par l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa. M. Safa est notamment propriétaire des Constructions mécaniques de Normandie, qui ont fourni 30 chalutiers et patrouilleurs.
Selon le FMI, qui prévoit pour le Mozambique une croissance du PIB de 4,7% en 2017 contre 3,8% en 2016, « la dette publique du pays, essentiellement libellée en devises étrangères, demeure critique et le Mozambique a failli dans le remboursement de plusieurs échéances ».
Dans son communiqué, le FMI ne dit rien quant à la reprise éventuelle de son aide financière au Mozambique.