L’accord a été conclu jeudi a 06H49 locales, a annoncé le ministre français Frédéric Cuvillier sur son compte twitter.
Il aura fallu deux journées et deux nuits de négociations pour aboutir à un accord qui satisfait Paris, Madrid et Dublin qui jugeaient trop « brutales » les réductions proposées par Mme Damanaki, soucieuse de préserver les stocks de poissons.
Les ministres ont obtenu la reconduction des quotas les plus importants et réduit les prétentions de Mme Damanaki sur les autres.
Plusieurs ONG comme le Fonds mondial pour la nature (WWF) ou Oceana ont regretté cet accord a minima. « Les ministres européens de la pêche n’ont pas pris les mesures nécessaires pour lutter contre la surpêche en mer du Nord et ont, encore une fois, démontré que les intérêts à court terme de leur secteur de la pêche prévaut sur la protection des stocks de poissons », a ainsi déploré Roberto Ferrigno de WWF. L’ONG Oceana a regretté « une occasion manquée » tout en admettant que des pas avaient été accomplis « dans la bonne direction » pour réduire la surpêche.
Selon les zones de pêche, la Commission voulait réduire les captures de 20% à 38% pour la baudroie, de 20% à 25% pour le cabillaud, de 32% pour le merlu, de 20% à 55% pour l’églefin, de 20% à 80% pour la sole et de 20% à 40% pour la sardine. Concernant les langoustines, elle demandait une baisse de l’ordre de 18% à 21%.
Finalement, les restrictions prévues ont été sensiblement atténuées. Ainsi, dans les zones de pêche de la mer Celtique et d’Ouest Ecosse, les quotas d’églefin devront diminuer de 15% au lieu des 55% proposés par la Commission.
Dans certains cas, les quantités maximales de poissons pouvant être capturées seront même plus élevées. Ainsi, dans la zone Manche ouest, le quota de sole va augmenter de 6% alors que la Commission préconisait une baisse de 14%, en Manche le quota de sole est relevé de 15% alors que la Commission plaidait pour une baisse.
A l’issue de la réunion, M. Cuvillier s’est félicité de « quotas en hausse ou stabilisés pour la plupart des stocks en mer du Nord, Manche, Golfe de Gascogne et mer Celtique ».
L’Espagne est également « très satisfaite, car l’accord répond à toutes nos demandes », a souligné Miguel Arias Canete.
« Nous sommes parvenus à un compromis. Les propositions de la Commission étaient plus ambitieuses, mais je suis satisfaite », a concédé Maria Damanaki.
Les négociations ont été longues et particulièrement difficiles à cause de son « intransigeance », a déploré le ministre espagnol.
Cette position a eu pour conséquence de coaliser contre elle de nombreux Etats aux intérêts pourtant divergents, a souligné un négociateur.
« Ses propositions sont brutales et vont au-delà de l’approche de précaution », ont protesté plusieurs délégation.
Outre les quotas, le débat a également porté sur la mise en oeuvre du « rendement maximum durable » (RMD), un outil pour rendre la pêche vraiment durable. Il s’agit de garantir que les stocks de poisson retrouvent des niveaux capables de maintenir la pérennité de l’espèce.
Les avis divergent sur la mise en place de système en 2015 ou en 2020.
Le débat n’a pas été tranché jeudi.
La commission pêche du Parlement européen a voté mardi pour l’obligation de généraliser le RMD à partir de 2015 et, au plus tard, d’ici 2020.