Les pêcheurs réunionais de légine craignent pour l’emploi

« Un risque de destruction de plus de 500 emplois sur près de 2.000 » (305 emplois directs et 1 669 emplois indirects et induits), c’est ce que craint le Syndicat des armements réunionnais de palangriers congélateurs (SARPC), qui regroupe actuellement six armements – Comata, Pêche Avenir, Cap Bourbon, Sapmer, Armas Pêche et Armements réunionnais – qui exploitent sept palangriers.

Jusqu’à la saison 2015-2016, seuls ces sept navires « disposaient de quotas légaux pour pêcher la légine dans les zones exclusives économiques françaises de Kerguelen et de Crozet », explique le cabinet Rinzen, auteur d’une étude commanditée par le SARPC et sur laquelle s’appuie ce dernier. Au début de la campagne 2016-2017, un septième armement – Réunion Pêche Australe (RPA) – et donc un huitième navire, a été autorisé à pêcher la légine sur ce territoire et s’est vu attribuer un quota à l’essai de 100 tonnes sur les 6.350 tonnes de quotas autorisés.

Mais d’expérience, les acteurs historiques de cette pêcherie estiment que « mécaniquement, le nouvel entrant, qui a un tout petit quota au début, se met à avoir assez rapidement un quota équivalent aux historiques, et le contrat de 100 tonnes est porté à plus de 500 tonnes », explique à l’AFP Adrien de Chomereau, vice-président du SARPC.

Pas étonnant que ce poisson carnivore à chair blanche et tendre attise la convoitise: décrit comme « fondant en bouche, avec un arrière-goût de noisette », ce mets très prisé en Asie, aux Etats-Unis et en Europe, est « un produit de qualité supérieure », souligne Adrien de Chomereau.

L’irruption d’un nouvel armement est d’autant plus mal vécue par les anciens que le quota, resté quasiment fixe ces dernières années, est même en diminution de 200 tonnes cette année, ce qui va déjà peser sur la rémunération de marins qui exercent un métier difficile et dangereux.

L’étude menée par le cabinet Rinzen souligne que le marché de la pêche de légines dans la région « est déjà saturé »: « le taux d’utilisation de la flotte des six armements historiques est de 57% et les quotas de légines ont toujours été intégralement capturés », indique l’étude, qui ajoute que « les six armements sont entrés dans une nouvelle phase d’investissements lourds visant à renouveler leur flotte ».

Les bateaux, qui s’aventurent « jusqu’à sept jours de navigation de la Réunion, dans les 40e et 50e rugissants », dans le grand sud, près de l’Antarctique, « où vous avez régulièrement des creux de 10 à 15 mètres », « représentent des investissements significatifs, qui s’amortissent dans la durée », plaide M. de Chomereau.

Il s’inquiète par ailleurs de perdre un débouché très important car la pêcherie, « une des plus contrôlées au monde », pourrait voir remise en cause sa certification MSC (un label de pêche durable): « un de nos marchés, c’est les Etats-Unis et les Etats-Unis, si vous perdez votre label, ne vous achètent plus », redoute M. de Chomereau.

ngu/fka/LyS

SAPMER

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