Selon des sources gouvernementales, un groupe de travail va étudier d’ici l’été 2018 la possibilité d’une alliance.
Du point de vue italien, l’idée est de bâtir « un champion mondial dans le secteur naval, civil et militaire, à travers un partenariat paritaire entre France et Italie », ont indiqué à l’AFP des sources proches des ministères italiens du Développement économique et des Finances.
L’étude est lancée alors que mardi, Emmanuel Macron a plaidé pour une véritable Europe de la Défense, dans un discours solennel à La Sorbonne.
« On veut étudier ce rapprochement car il y a un intérêt industriel », ont expliqué des sources gouvernementales à l’AFP. « Ce serait une erreur de ne pas regarder. »
« Mais c’est très complexe car il y a des questions de souveraineté et d’autres acteurs impliqués comme Thales et Leonardo », ont-elles ajouté. De plus, « dans la défense, Naval est beaucoup plus gros que Fincantieri ».
Thales est actionnaire de Naval Group (35%) aux côtés de l’Etat français (65%), et Leonardo a l’Etat italien à son capital.
Souhaité par le patron de Naval Group, Hervé Guillou, et celui de Fincantieri Giuseppe Bono qui fut le premier à évoquer « un Airbus des mers », un tel rapprochement pourrait faire naître un pôle de naval européen capable de mieux résister à la concurrence accrue de la Chine, de la Corée du Sud ou de la Russie.
Selon la presse italienne, un échange de participations pourrait graver ce partenariat dans le marbre.
« Deux éléments font dire que c’est important de considérer cela comme un pas en avant essentiel », explique à l’AFP un expert du secteur, sous couvert d’anonymat. « C’est d’abord la coopération industrielle à l’échelle européenne. Il y a une volonté d’aller vers une Europe de la défense renforcée, c’est une traduction immédiate de ce que ça pourrait incarner. »
« Le monde a beaucoup changé depuis les années 2000, poursuit-il. On est passé de quelques chantiers à une prééminence des chantiers asiatiques très compétitifs à l’international, qui sont en phase de regroupement, avec des possibilités de production et de synergies démultipliées. »
De plus, les agences étatiques russes « sont dans des phases extrêmement offensives de développement à l’international. Donc Naval Group doit faire face à une concurrence internationale très forte. »
C’est pourquoi Naval Group « plaide pour ce rapprochement afin d’aller vers des programmes militaires qui aillent dans ce sens de l’Europe de la défense », poursuit l’expert en relevant que les constructions neuves représentaient en 2016-2017 environ 75 milliards d’euros dans le civil et 30 à 35 milliards dans le naval militaire.
– « nous nous plaisons » –
« Le vrai sujet, c’est de savoir ce que vont faire les Européens pour faire face à ces nouveaux entrants, à trouver l’effet de taille », déclarait Hervé Guillou l’été dernier sur BFM.
Et d’ajouter à propos d’un possible mariage avec Fincantieri: « nous nous plaisons et il n’y pas 150 partenaires potentiels. »
Récemment, la ministre italienne de la Défense Roberta Pinotti rappelait que Paris et Rome collaborent déjà dans la construction de frégates (programmes Fremm et Horizon). « Pas seulement: nous sommes en train de réaliser un navire logistique et bientôt nous aurons une embarcation avec un équipage mixte », en prônant « une toujours plus grande synergie dans le secteur de la défense entre pays européens ».
Les deux groupes pourraient dégager des synergies en termes de recherche, de bureaux d’études, commerciaux mais aussi d’infrastructures.
Les chantiers STX (ex chantiers de Saint Nazaire) disposent d’une cale de grande capacité pour la construction de navires géants de type porte-avions, un élément de souveraineté pour la France.
Reste la question du projet stratégique. Traditionnellement, les coopérations européennes ont été construites sur la base de programmes développés en commun. Ce fut le cas d’Airbus ou de MBDA, champion européen dans le domaine des missiles.
Les deux groupes pourraient à moyen terme travailler sur des bâtiments logistiques, des pétroliers ravitailleurs, à horizon 5 à 10 ans.
dlm-cco/fka/nas
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