Pyongyang a lancé le 12 décembre, avec succès, une fusée Unha-3 chargée de mettre en orbite un satellite civil, une mission purement scientifique selon le Nord.
Pour ses estimations, l’armée sud-coréenne s’est appuyée sur l’analyse du réservoir de comburant –produit qui en se combinant avec un autre produit opère la combustion de ce dernier– tombé en mer lors du lancement et récupéré par la marine du Sud.
« Sur la base de nos analyses et d’un processus de simulation, le missile est capable de voler plus de 10.000 km, avec une charge comprise entre 500 et 600 kg », a indiqué un porte-parole du ministère de la Défense à la presse.
Cette distance permettrait à un lanceur nord-coréen d’atteindre n’importe quel point en Asie, l’Europe de l’est, l’Afrique de l’ouest, l’Alaska et une partie de la côte ouest américaine, dont San Francisco.
Le réservoir était fixé sur le premier étage de la fusée.
En l’absence de débris des 2e et 3e étages de la Unha-3, les scientifiques sud-coréens n’ont pas pu déterminer si la fusée était capable de réentrer dans l’atmosphère, un élément clé de la technologie des missiles balistiques intercontinentaux.
Les débris récupérés par le Sud étaient constitués de huit panneaux d’aluminium et de magnesium soudés à la main. « Le soudage était grossier, fait à la main », a indiqué le responsable du ministère, ajoutant que ce type de réservoir pour stocker des produits chimiques toxiques était rarement utilisé par les puissances dotées d’une technologie spatiale avancée.
La marine sud-coréenne a également récupéré en mer Jaune un réservoir à carburant, une chambre de combustion et une bielle de moteur, analysés depuis vendredi, a indiqué dimanche l’agence sud-coréenne Yonhap.
Le tir du 12 décembre est considéré par Washington et ses alliés comme un énième essai de missile balistique à longue portée. Il a mis fin à une longue série de tirs ratés qui ont valu à Pyongyang une volée de sanctions depuis 2006 et permet au jeune dirigeant nord-coréen, Kim Jong-Un, d’affermir son autorité.
L’agence nord-coréenne KCNA a annoncé dimanche que 101 scientifiques et techniciens ayant participé à cette mission avaient reçu une médaille.
Les Occidentaux et leurs alliés asiatiques accusent Pyongyang de détenir plusieurs bombes nucléaires et de procéder à des essais atomiques afin de parvenir à les miniaturiser et les installer sur des missiles.
Les experts estiment toutefois qu’elle est loin de posséder une puissance balistique fiable et que la mise au point d’une capacité nucléaire délivrable par missile intercontinental prendra encore beaucoup de temps.