Rachat de STX par Fincantieri: Le Maire vient rassurer direction et salariés à Saint-Nazaire

Le ministre a rencontré pendant 45 minutes la direction et les syndicats pour leur présenter ce « bon accord », bâti avec Fincantieri pour « protéger les intérêts des salariés et répondre à leurs inquiétudes ».

« On progresse, on avance. Maintenant il faudra voir comment ça fonctionne », a considéré après la rencontre François Janvier, délégué CFE-CGC.

Les syndicats réclamaient l’accès au pacte d’actionnaires. « On aura accès au moins à la synthèse », note M. Janvier et l’autonomie stratégique et commerciale du site de Saint-Nazaire a également été confirmée. Ils pourront donc faire des offres en concurrence avec Fincantieri.

« Je sais que la confiance reste à bâtir entre Fincantieri et les chantiers navals de Saint-Nazaire. C’est pour ça qu’avec le président de la République nous avons voulu un accord bâti progressivement, année après année. A échéance régulière, (…) l’État vérifiera que Fincantieri tient ses engagements », a expliqué le ministre à la presse lors d’une visite des chantiers où il a été plutôt bien accueilli, s’arrêtant pour discuter avec les salariés inquiets.

Mercredi soir Fincantieri a obtenu 50% de STX, auxquels il faut ajouter 1% « prêté » par l’État français, qui se réserve le droit de le reprendre si l’Italien ne respecte pas ses engagements pendant une période de douze ans.

« Au-delà des douze ans, il y aura une clause de revoyure qui s’exercera entre le gouvernement français et le gouvernement italien. Nous verrons si la confiance a été suffisamment solide pour parvenir à un accord définitif », a assuré le ministre.

Dans un communiqué, la CGT a exprimé son scepticisme sur cet accord, estimant qu’avec cette alliance, l’État français « brade le savoir-faire et les statuts des salariés ».

A l’heure de l’embauche jeudi matin les avis divergeaient parmi les salariés, les uns regrettant que l’État n’ait pas choisi de nationaliser, les autres approuvant l’attitude du gouvernement.

– 2% aux salariés –

Auparavant propriété du sud-coréen STX, qui détenait 66% des parts des chantiers navals, les chantiers passent désormais sous pavillon italien après des mois d’un long feuilleton diplomatique.

Désormais « la situation s’éclaircit », a considéré Damien Thébault, employé depuis 23 ans au chantier naval. Soupesant le pour et le contre de l’arrivée de l’italien Fincantieri, il estime que « les premiers mois seront décisifs ».

« Des rachats, j’en ai connu. Des doutes aussi. On a toujours l’inquiétude que le savoir-faire parte à l’étranger et qu’on reste sur le carreau », poursuit Dominique Chedotan, salarié depuis 1988 aux ex-Chantiers de l’Atlantique qui comptent aujourd’hui près de 2.600 salariés.

« Je suis assez satisfait que le gouvernement ne se soit pas laissé faire et garde ce droit de veto si ça se passe mal. C’est plutôt rassurant, car Fincantieri reste un concurrent direct et le chantier fait vivre beaucoup de monde ici dans la région », souligne Pascal, employé d’une PME sous-traitante de deuxième rang.

L’accord prévoit que 3,66% du capital reviennent à des sous-traitants du bassin de Saint-Nazaire et 2% aux salariés, qui auront également un siège au conseil d’administration.

« C’est bien qu’il y ait un droit de regard des salariés, mais personnellement je n’irai pas mettre de billes dedans. Ce n’est pas une industrie qui rapporte », confie en souriant Gildas, 36 ans, « plutôt optimiste » néanmoins sur l’avenir grâce au carnet de commandes rempli jusqu’en 2026.

Les ex-Chantiers de l’Atlantique, dans le cadre de l’accord avec Fincantieri, vont garder le même directeur général, Laurent Castaing, présent depuis 2012 à la tête de l’entreprise, comme le souhaitaient certains syndicats.

Les chantiers navals pourraient aussi reprendre leur ancien nom, a aussi annoncé M. Le Maire qui va désormais solliciter Alstom, encore propriétaire du nom « Chantiers de l’Atlantique ». Une question « symbolique » et « de coeur », selon lui.

asl/gvy/aag/LyS

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