Les hydrates de méthane, qui ont l’apparence et la consistance de la glace, se trouvent dans les sédiments marins et leur servent de ciment. « S’ils ne sont plus stables, le sédiment peut perdre en cohésion et dévaler les pentes pour donner naissance à un glissement sous-marin », explique à l’AFP Stéphan Ker, coauteur de cette étude et chercheur en géosciences marines à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).
Sous l’effet du sel, ces hydrates se dissocient et libèrent du méthane dans la colonne d’eau, puis potentiellement dans l’atmosphère, souligne en outre le chercheur, qui rappelle que le méthane est un gaz à fort effet de serre, vingt-cinq fois supérieur à celui du CO2, en cause dans le réchauffement climatique.
Ce phénomène est spécifique à la mer Noire du fait du changement de salinité de ses eaux au cours des millénaires. « Jusqu’à il y a 9000 ans la mer Noire était un lac d’eau douce, mais après un contact avec la Méditerranée sa concentration en sel a augmenté et depuis 2000 ans cela perturbe la composition des sédiments », explique Stéphan Ker.
Une zone de 2.800 km2 pourrait être impactée par ce phénomène d’ici 5.000 ans, correspondant à un volume de gaz estimé jusqu’à 200 milliards de m3, soit l’équivalent de 5 ans de consommation de gaz naturel pour un pays comme la France.
Jusqu’ici, seule la déstabilisation des hydrates causée par des changements de température et de pression (variation du niveau des océans par exemple) avait pu être observée, souligne cette étude réalisée par des chercheurs de l’Ifremer, ainsi que des scientifiques de l’institut national roumain de géologie marine, GeoEcoMar.
Ces résultats sont le fruit d’une campagne océanographique menée en 2015 dans la partie roumaine de la mer Noire, avec des prélèvements de sédiments effectués à 800 m de profondeur et des mesures sismiques de très haute résolution.