Emballages alimentaires, nylon issu de tissus synthétiques, filtres de cigarettes ou filets de pêche… Une équipe de l’Institut Alfred Wegener pour la recherche polaire et marine a trouvé 17 types de plastiques dans des échantillons de glace récoltées lors de trois expéditions arctiques en 2014 et 2015.
L’un des échantillons contenaient la plus haute concentration de microplastiques jamais retrouvée dans la banquise: jusqu’à 12.000 particules par litre d’eau gelée, soit deux à trois fois plus que les précédents records, selon l’étude publiée dans la revue Nature Communications.
Cette découverte indique que les microplastiques « sont maintenant omniprésents sur les eaux de surface des océans », a souligné Jeremy Wilkinson, spécialiste de la banquise du British Antarctic Survey, qui ne fait pas partie de l’équipe de chercheurs.
« Aucun territoire n’est à l’abri », a-t-il ajouté, dans un commentaire transmis par le Science Media Centre de Londres.
La banquise grossit grâce au gel de l’eau de mer présente sous la glace existante, incorporant les microplastiques qui s’y trouvent, a-t-il expliqué.
Certaines particules retrouvées ne mesuraient que 11 microns, soit environ un sixième du diamètre d’un cheveu humain, selon les chercheurs. Cela signifie qu' »elles pourraient facilement être ingérées par les micro-organismes de l’Arctique », comme les petits crustacés dont se nourrissent les poissons, a souligné Ilka Peeken, une des auteurs de l’étude.
« Personne ne sait de façon certaine à quel point ces particules minuscules de plastique sont dangereuses pour la vie marine, ou à terme pour les humains », a-t-elle ajouté.
Les microplastiques viennent des micro-billes des gommages pour visage ou des dentifrices, mais aussi de la dégradation de morceaux plus gros, sous l’action du soleil, des changements de températures ou des vagues.
Selon WWF, 8,8 millions de tonnes de plastique rejoignent les océans chaque année, comme si un camion benne y déversait son chargement chaque minute.
Si la tendance se poursuit, il y aura plus de plastique que de poissons dans l’océan d’ici 2050, selon l’ONU.
« La fonte d’une banquise de plusieurs années, exacerbée par le changement climatique, pourrait raisonnablement conduire à la libération dans la mer d’importants volumes de plastiques stockés dans la banquise de l’Arctique », a mis en garde dans un autre commentaire l’océanographe Miguel Angel Morales Maqueda, de l’université de Newcastle.
Ce qui se passerait ensuite n’est pas très clair: les particules resteraient-elles dans l’Arctique, voyageraient-elles vers le sud ou couleraient-elles ? L’impact sur la santé humaine est également incertain.