Avec 27,2% des suffrages selon les chiffres officiels publiés mercredi, le Siumut, qui domine la vie politique groenlandaise depuis 1979, a créé la surprise en s’imposant avec à peine 500 voix d’écart face à Inuit Ataqatigiit (IA), formation gauche-verte qui était donnée gagnante par les sondages.
Avec 25,5% des votants, IA a reconnu sa défaite. Le Siumut et IA, qui visent à terme à obtenir l’indépendance, accusent un recul important par rapport à l’élection précédente. Ils sont talonnés par les centristes de Demokraatit, qui ont rassemblé 19,5% des voix, plus modérés sur le sujet de l’autonomie.
C’est une « victoire de la vision modérée concernant l’indépendance », a relevé Mikaa Mered, professeur d’économie et de géopolitique à l’ILERI à Paris, spécialiste de l’Arctique.
« Si les Groenlandais ont la perspective de l’indépendance à l’esprit, ils ne sont pour autant pas prêts à déclarer l’indépendance à tout prix », a-t-il ajouté.
Le chef du parti Siumut, Kim Kielsen, ancien policier au pouvoir depuis décembre 2014, devrait rester à la tête du gouvernement.
Il a affirmé que « tous les partis (du Parlement allaient) être invités aux négociations », a rapporté le quotidien local Sermitsiaq.
« Il est difficile de dire aujourd’hui quelle coalition gouvernementale va émerger de ces élections », note toutefois M. Mered.
Le futur gouvernement doit être soutenu par au moins 16 des 31 députés et pourrait être constitué du Siumut (9 sièges) et d’IA (8 sièges) s’ils s’accordent sur la future loi sur la pêche, secteur qui représente 90% des exportations groenlandaises.
L’île de 55.000 habitants, rattachée par la géologie à l’Amérique du Nord, gère elle-même ses ressources, mais son budget n’est viable que grâce aux apports du Danemark, pays qui contrôle la diplomatie, la défense et la monnaie.
Copenhague couperait les vivres au Groenland si le territoire décidait de devenir indépendant, une possibilité reconnue par la Constitution danoise.