Cette victoire pour l’écologie et les droits ancestraux amérindiens est paradoxalement acquise malgré un blocage de la plus haute institution judiciaire américaine: le magistrat Anthony Kennedy s’étant récusé dans ce dossier, la haute cour a rendu une décision à égalité de quatre juges contre quatre.
Cette impasse a pour conséquence de laisser en place le jugement d’une cour d’appel qui a donné raison à 21 tribus indiennes, soutenues par le gouvernement fédéral, opposées à l’Etat de Washington, au nord-ouest du pays.
Se plaignant de la chute des populations de saumons dans leurs réserves, les Indiens ont mené un combat judiciaire de 17 ans pour faire valoir leur droit de pêche, négocié au milieu des années 1850 en contrepartie du renoncement à leurs territoires de chasse.
Selon les tribus, la pénurie de saumons est précipitée par les conduites souterraines canalisant les rivières sous les centaines de routes asphaltées de l’Etat de Washington.
En première instance (2007) et en appel (2016), la justice a ordonné aux élus dirigeant l’Etat de Washington de supprimer ces canalisations.
Celles-ci, débouchant en surplomb des cours d’eau, empêchent les saumons de remonter le courant pour se reproduire, ou de le descendre vers la mer.
Cette double victoire devant les tribunaux inférieurs est de facto confirmée lundi par l’impasse à la Cour suprême.
L’Etat de Washington se retrouve en conséquence obligé de procéder à un chantier gigantesque, consistant à remplacer un millier de conduites, pour un budget qu’il estime à deux milliards de dollars.