Enjeu d’un bras de fer entre l’Italie et Malte, qui refusaient tous deux de le laisser accoster, l’Aquarius devait finalement se diriger vers Valence, une fois que les migrants à son bord auront été transbordés sur un bateau des garde-côtes italiens et un bateau de la marine italienne, qui accompagneront l’Aquarius vers l’Espagne.
« Manque de vivres, mauvaises conditions météo, et port espagnol trop éloigné: face à l’urgence, le conseil exécutif de Corse propose à @SOSMedFrance d’accueillir l’#Aquarius dans un port #corse », avait auparavant tweeté mardi matin le président du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni.
« #Aquarius: l’Europe doit traiter de façon solidaire la question humanitaire. Compte tenu de la localisation du navire (au large de Malte, NDLR) et de l’urgence, mon avis est qu’il serait naturel d’ouvrir un port corse pour porter secours à ces personnes en détresse », avait aussi réagi dès lundi soir sur Twitter le président nationaliste de l’Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni.
« J’ai eu la préfète au téléphone, qui nous a plutôt incités à la prudence. On nous dit que ce sera difficile à gérer, qu’il faudra réquisitionner des hôtels, que nous n’avons pas la compétence pour prendre cette décision. Mais moi, la compétence, je la prends », a ensuite déclaré M. Simeoni à Libération: « Pour l’instant, on dit à l’État : nous sommes prêts, et vous ? ».
« Devant cette situation d’urgence, il nous a paru tout à fait nécessaire de prendre nos responsabilités sur le plan politique, c’est-à-dire d’essayer d’apporter avec notre intervention une contribution qui permettrait peut-être d’aider à la solution », a ajouté M. Simeoni, interrogé en milieu de journée sur RTL.
« Nous n’avons pas la responsabilité juridique mais nous avons la responsabilité politique de dire que la Corse ne peut pas être insensible à un drame qui se joue finalement pas très loin de ses rivages », a-t-il poursuivi.
La proposition des dirigeants corses avait été critiquée par le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne, qui l’a jugée « facile » en soulignant que les dirigeants de l’île n’étaient « pas aux responsabilités ».
« C’est au nom de (notre) légitimité démocratique que nous nous exprimons, le président du conseil exécutif Gilles Simeoni et moi-même, pour dire que nous ne pouvons pas, comme Corses et comme responsables politiques de la Corse, accepter qu’un drame se joue non loin de nos rivages sans tenter de faire quelque chose pour l’éviter », a conclu M. Talamoni.
Le nouveau ministre italien de l’Intérieur, le patron de la Ligue (extrême droite) Matteo Salvini avait fait campagne avant les législatives sur le thème de la fermeture des frontières aux migrants, et prévenu qu’une fois au pouvoir, il ferait tout pour empêcher ces débarquements, particulièrement lorsqu’ils sont le fait des ONG qui patrouillent au large de la Libye.
L’Italie, qui a vu quelque 700.000 migrants débarquer sur ses côtes depuis 2013, a régulièrement accusé les Européens d’avoir détourné les yeux et de l’avoir laissée seule face à la crise migratoire.