Rome exclut de laisser entrer dans un port italien tout navire transportant des migrants, ainsi « la probabilité est de 90% que l’Alexander Maersk rejoigne notre position au large de Malte », a déclaré à l’AFP Axel Steier, représentant en Allemagne de Lifeline, qui affrète son navire.
Le Lifeline a récupéré des naufragés en perdition, environ 230 personnes dont 14 femmes et 4 enfants, au large des côtes libyennes. L’armateur danois Maersk Line a secouru quant à lui 113 migrants au large des côtes du sud de l’Italie et son navire se trouve actuellement au large de la Sicile.
La rencontre des deux navires en un même lieu viserait tant à faciliter une solution diplomatique commune pour ces migrants que les manoeuvres pour les ravitailler.
Même s’ils se rencontrent, aucun transfert de passagers n’est prévu entre les deux navires. « Chacun restera sur son bateau », affirme M. Steier.
La situation s’avère pourtant mal engagée également du côté de Malte, qui n’est pas disposée à accueillir sur sa petite île des centaines de migrants.
« Lifeline a enfreint les règles en ignorant les directives italiennes »,a tweeté samedi Joseph Muscat, le Premier ministre maltais, accusant comme l’Italie l’ONG d’avoir pris à son bord les migrants alors que les garde-côtes libyens étaient en train d’intervenir.
Alors qu’il navigue en cercle au large de La Valette, la capitale de Malte, le navire de l’ONG « devrait retourner vers sa destination d’origine pour éviter l’escalade », prévient M.Muscat.
La marine maltaise a toutefois affrété samedi un bateau avec de l’eau et de la nourriture pour les passagers du Lifeline. La situation à bord est précaire, avec beaucoup de migrants en « très mauvaise santé », assure M.Steier, dont l’organisation devait également organiser ce week-end une mission en mer pour apporter des médicaments.
« Nous attendons une solution diplomatique, des discussions sont en cours entre différents Etats » pour accueillir le Lifeline et les naufragés, a encore dit M.Steier, refusant d’apporter d’autres précisions sur ces pourparlers.
M. Steier a aussi rejeté les affirmations de Rome qui accuse le navire de battre illégalement pavillon néerlandais. La représentation des Pays-Bas auprès de l’Union européenne a pour sa part assuré que le navire n’apparaît pas dans les registres navals néerlandais.
L’ONG Lifeline a dit craindre vendredi « une situation semblable à celle de l’Aquarius », un navire humanitaire affrété par l’ONG française SOS Méditerranée avec 630 migrants à bord, qui a été accueilli par l’Espagne dimanche, une semaine après le refus de l’Italie et de Malte d’ouvrir l’un de leurs ports.
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A.P. MOELLER-MAERSK