« Accès aux zones de pêche contre accès de tous les produits britanniques au marché européen, pas simplement les produits de la mer »: Hubert Carré, directeur général du comité national des pêches, a explicité la stratégie des pêcheurs français, unis à leurs homologues européens, devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale.
L’enjeu est crucial: les captures dans les eaux britanniques, susceptibles d’être remises en cause par le Brexit, représentent en moyenne 30% du total des captures de la pêche française. Un chiffre qui peut grimper jusqu’à plus du double dans les régions les plus septentrionales.
« Quand on sort de Boulogne, au bout de 30 minutes on est dans les eaux anglaises », explique Olivier Leprêtre, représentant des patrons pêcheurs, aux députés de la Commission.
« Si malheureusement on entre dans un Brexit dur, les entreprises ne vont pas tenir le choc, c’est certain ».
Mais le Royaume-Uni dépend aussi de l’UE, pour écouler sa production. « Les Britanniques pêchent mais ils ne consomment pas leur pêche puisqu’ils l’exportent à 75% », note Hubert Carré.
Pas question pour autant d’échanger simplement l’accès aux eaux britanniques contre l’accès aux marchés des Etats-membres pour les produits halieutiques, « sachant que l’UE est le premier marché mondial des produits de la mer », explique M. Carré.
Les pêcheurs sont « assez bien entendus et assez bien soutenus » par les dirigeants, y compris par Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE, assure-t-il.
Le ministre français de l’Agriculture, Stéphane Travert, a promis que la pêche serait négociée dans un paquet global, et non à part, entre l’UE et la Grande-Bretagne: « l’accès au marché unique de l’Union est consubstantiel à l’accès aux eaux du Royaume-Uni pour les navires battant pavillon d’un Etat membre », avait-il déclaré récemment à Sète.
« La période de transition, synonyme de maintien transitoire, jusqu’au 31 décembre 2020, de l’acquis communautaire notamment en matière de politique des pêches, n’est pas encore acquise, loin s’en faut », avait-il admis. En cas de Brexit dur, les pêcheurs européens pourraient perdre l’accès aux eaux britanniques dès le 29 mars 2019.
En cas de Brexit dur, « Il va falloir trouver des financements, peut-être faire payer les responsables, parce que les responsables c’est la Commission européenne », martèle Olivier Leprêtre.
« S’ils avaient écouté les pêcheurs, il n’y aurait pas eu 96% des pêcheurs (britanniques) » votant pour le Brexit ».