L’Ontario, province la plus riche et la plus peuplée, a élu début juin un Premier ministre conservateur climato-sceptique, Doug Ford, ayant mené campagne en promettant de se battre contre cette mesure qu’il juste néfaste pour l’économie.
La Saskatchewan, grande comme la France mais avec seulement un million d’habitants, a pour sa part porté l’affaire en justice en avril dernier en estimant que cette mesure phare de M. Trudeau était anticonstitutionnelle.
« L’Ontario va joindre ses forces à la Saskatchewan et nous allons utiliser tous les moyens à notre disposition pour contester cette taxe fédérale sur le carbone », a promis jeudi Doug Ford lors d’un point de presse en marge d’une rencontre entre les dirigeants des dix provinces canadiennes.
Aux côtés de son homologue de Saskatchewan, Scott Moe, le Premier ministre ontarien a répété que « c’est une mauvaise taxe pour les familles » et « pour les entreprises ».
« Je suis ici pour rassembler mes homologues provinciaux contre la taxe fédérale sur le carbone », a indiqué M. Ford, souvent décrit comme un « mini-Trump ».
Il n’était pas clair pour le moment si d’autres provinces allaient joindre cette fronde.
Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a mis en place, à compter de cette année, une taxe nationale sur le carbone qui doit passer de 10 dollars canadiens la tonne en 2018 à 50 dollars en 2022. Cette taxe sera imposée dès septembre aux provinces n’ayant pas pris de mesures jugées compatibles avec les objectifs nationaux de réduction de GES.
– ‘Pensée dépassée’ –
A son arrivée au pouvoir, la première décision de M. Ford a été de se retirer d’une Bourse du carbone dont l’Ontario était jusque-là partie prenante avec le Québec et l’Etat américain de Californie. Cette plateforme est fondée sur le plafonnement des émissions de GES et l’échange de droits à polluer.
Deux provinces importantes de l’Ouest canadien, l’Alberta et la Colombie-Britannique, ont pour leur part leurs propres taxes sur le carbone.
Jugeant « profondément irresponsable » la décision de l’Ontario et de la Saskatchewan, l’organisation écologiste Pembina a regretté « une pensée dépassée et un pas en arrière » qui « sapent les efforts du Canada pour faire sa juste part et protéger ses habitants du changement climatique », dans un communiqué à l’AFP.
La Saskatchewan, également dirigée par un gouvernement conservateur, a développé sa propre technologie pour capter les GES, dans l’espoir de défendre son secteur pétrolier, le deuxième du Canada derrière l’Alberta.
En vertu de ses engagements pris en 2015 dans l’Accord de Paris sur le climat, le Canada doit réduire de 30% ses émissions de GES d’ici 2030, par rapport au niveau de 2005.
Le pays est particulièrement touché par le changement climatique avec une hausse de température moyenne d’environ 3 degrés Celsius dans l’Arctique et une fonte accélérée des glaces et du pergélisol.
La taxe carbone est devenue un sujet polarisant au Canada et pourrait constituer un enjeu majeur aux élections législatives d’octobre 2019 pour lesquelles M. Trudeau est talonné de près par l’opposition conservatrice.