« L’Italie ne veut plus être l’unique pays de débarquement des migrants sauvés en mer par ses propres unités navales », a fait savoir le ministre des Affaires étrangères Enzo Moavero Milanesi dans un courrier à la cheffe de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini.
La position de l’Italie et ses implications étaient discutées vendredi à Bruxelles par les ambassadeurs des Etats membres, a-t-on précisé.
Le ministre italien a officiellement demandé la révision du mandat de l’opération Sophia, actuellement sous commandement italien, et le Premier ministre italien Giuseppe Conte a informé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker des conditions imposées pour les débarquements en Italie des migrants sauvés en mer.
L’Italie n’acceptera leur débarquement sur son territoire qu’à la seule condition que d’autres pays de l’Union européenne acceptent de prendre en charge une partie d’entre eux, a précisé M. Conte dans une lettre à M. Juncker.
Le gouvernement populiste italien impose de fait aux autres membres de l’UE les conditions déjà mises au débarquement le week-end dernier de quelque 450 migrants assistés en mer et transbordés dans deux navires militaires.
Les deux navires avaient pu les débarquer en Sicile après l’engagement pris par plusieurs pays — France, Allemagne, Espagne, Portugal et Malte — de prendre chacun en charge une cinquantaine de rescapés.
En réponse à M. Conte, dans une lettre dont l’AFP a obtenu copie, M. Juncker a expliqué que « ces solutions ad hoc ne pouvaient être durables sur le long terme ».
Le chef de la Commission a toutefois accepté de poursuivre sa médiation pour trouver des volontaires pour un partage en cas d’urgence, et cela jusqu’à ce qu’une solution définitive soit trouvée pour la prise en charge des migrants sauvés en mer.
Lors du dernier sommet européen fin juin à Bruxelles, les dirigeants des 28 avaient convenu de réfléchir à des « plateformes régionales de débarquement » dans des pays tiers pour les migrants secourus dans les eaux internationales. L’Egypte, la Tunisie et le Maroc ont été sollicités, mais ont refusé.
Les renvois en Libye, pays de départ de la majorité des migrants, sont impossibles, car la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ne considère pas ses ports comme « sûrs » en matière de respect des droits humains.
Les dirigeants de l’UE ont également évoqué la création de « centres contrôlés » sur le territoire de l’UE pour y transférer les personnes recueillies en mer. Celles pouvant bénéficier d’une protection seraient alors prises en charge « sur la base d’un effort partagé » entre Etats membres, « uniquement sur une base volontaire » de leur part.
Les pays de l’UE doivent désormais s’entendre sur les modalités pratiques de ces projets encore flous, interprétés de différentes manières par les capitales.
La Commission européenne va faire des propositions « dans les prochaines semaines » concernant « les centres contrôlés dans l’UE et la coopération entre Etats membres de l’UE en matière de recherche et de sauvetage », a indiqué en début de semaine une porte-parole, Natasha Bertaud.