François de Rugy a fait état de « prélèvements systématiques de tous les déchets d’hydrocarbures collectés de façon à ce qu’on puisse identifier, recouper avec les prélèvements qui ont été effectués à la sortie des soutes du Virginia, le porte-conteneurs qui a perdu ces éléments, de manière à faire payer ensuite les responsables de la pollution ». Le 7 octobre, au large du cap Corse, un porte-conteneurs chypriote au mouillage a été éperonné par un roulier tunisien, l’Ulysse. La préfecture maritime de Toulon a estimé à 530 m3 la quantité de fioul lourd échappée des soutes du Virginia, dont 70% ont pu être récupérés par le dispositif mis en place près du lieu de la collision.
Une semaine après l’arrivée sur les côtes du Var de nappes de pétrole et le déclenchement du plan Polmar, le ministre a inspecté le dispositif de dépollution sur les plages de Pampelonne et sur la commune de Ramatuelle, avant de se rendre sur les îles de Porquerolles et de Port-Cros, elles aussi touchées.
Sur l’île de Porquerolles, une vingtaine d’employés municipaux et d’agents du Parc national, en combinaison bleue de protection, font la chaîne dans les rochers pour remonter des sacs poubelle remplis de déchets pétroliers.
Depuis cette petite crique paradisiaque, la vision est cauchemardesque, avec une mer aux reflets irisés de gasoil et une nappe de fioul venant battre au rythme du ressac sur les rochers déjà noircis. Deux plages de sable, a indiqué le maire de Hyères Jean-Pierre Giran, ont déjà pu être nettoyées mais toute activité nautique reste interdite dans le parc national.
– Habitants inquiets –
« Que s’est-il exactement passé entre le 7 et le 17 octobre et combien de temps la pollution va-t-elle durer », ont lancé au ministre des habitants de l’île, inquiets de la situation dans une île dont la biodiversité est aujourd’hui, selon eux, « directement atteinte ».
Déclenché le 16 octobre, neuf jours après la collision du porte-conteneurs et du roulier, le plan Polmar a permis de déployer des équipes de dépollution sur terre sur les plages de Sainte-Maxime, Saint-Tropez, Ramatuelle et Hyères, et en mer avec l’emploi d’un navire dépollueur, le Jason, positionné autour des îles du Levant (Porquerolles et Port-Cros).
« Malheureusement, il y a une partie qui est arrivée sur les côtes et je comprends l’émoi des habitants du Var par rapport à cette situation », a déclaré François de Rugy, estimant que « les polémiques sont vraiment malvenues parce que depuis le début, on suit la nappe avec des moyens maritimes et aériens et on a pompé tout ce qu’on a pu pomper ».
« Jusqu’à la dernière galette, jusqu’à la dernière boulette, on luttera pour nettoyer, pour dépolluer et ensuite pour éliminer ces déchets qui auront été collectés », a promis le ministre.
En mer, il a accosté près du Jason, le navire dépollueur ancré non loin du petit port de Porquerolles, qui collecte les hydrocarbures ramassés en mer par de petites embarcations, parfois à l’épuisette.
À Ramatuelle, sur les 4,5 km de sable fin des célèbres plages de Pampelonne qu’affectionne l’été la jet-set, « deux kilomètres ont déjà été nettoyés », a observé le maire Roland Bruno. « C’est un travail très dur, il fait chaud et il faut parfois travailler à quatre pattes », a souligné l’élu, ajoutant que sa commune compte aussi onze kilomètres de côtes rocheuses où la dépollution sera encore « plus compliquée ».
Entre 150 et 200 personnels du département sont engagés sur les plages pour ramasser les galettes de pétrole, ainsi que 80 personnes d’une entreprise privée de dépollution.
Les opérations de dépollution des côtes pourraient durer « des mois », a indiqué la préfecture du Var.