Un projet de loi ad hoc a été approuvé par 276 députés, alors qu’un minimum de 226 était requis, lors d’une séance houleuse en présence du président Petro Porochenko et de son Premier ministre Volodymyr Groïsman.
Cette décision, sans précédent depuis l’indépendance de cette ex-république soviétique en 1991, a été prise à l’initiative du président Porochenko, qui l’a justifiée par un risque accru d’une offensive terrestre russe.
« Les informations des services de renseignement montrent la menace extrêmement élevée d’une opération terrestre contre l’Ukraine », avait affirmé M. Porochenko plus tôt dans la journée dans une allocution télévisée à la Nation.
« Dès que le soldat russe franchit notre frontière, je ne perdrai pas une seconde pour protéger notre pays », a-t-il renchéri devant les députés avant le vote.
Face à la résistance de parlementaires, le chef de l’Etat a dû modifier certaines dispositions de son projet de loi, notamment en réduisant sa durée de 60 à 30 jours afin qu’il n’entrave pas la campagne électorale pour la présidentielle, qui doit débuter le 31 décembre.
M. Porochenko a également limité l’action de la loi à plusieurs régions frontalières alors qu’elle était initialement censée concerner l’ensemble du territoire ukrainien.
Par un vote séparé, les députés ont par ailleurs formellement fixé la date de la présidentielle au 31 mars 2019.
Dimanche soir, des bateaux russes se sont emparés de trois navires militaires ukrainiens –deux petites vedettes blindées et un remorqueur– après leur avoir tiré dessus, faisant une vingtaine de prisonniers dans le détroit de Kertch, qui relie la mer Noire à la mer d’Azov.
Cet incident armé a également fait plusieurs blessés parmi les Ukrainiens –six selon Kiev, trois selon Moscou– et suscité un tollé en Ukraine et chez plusieurs de ses alliés occidentaux.
Kiev et les Occidentaux ont régulièrement accusé ces derniers mois la Russie d' »entraver » délibérément la navigation des navires commerciaux ukrainiens entre la mer Noire et la mer d’Azov.
La Russie a annexé en 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée. Elle est aussi accusée par Kiev et l’Occident de soutenir militairement les séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine, un conflit qui a fait plus de 10.000 morts. Moscou nie son implication militaire malgré de nombreuses preuves recueillies par plusieurs médias internationaux.