Migrants : un nouveau navire humanitaire bloqué au large de Lampedusa

« Il ne s’agit pas d’une opération de sauvetage, c’est de l’aide à l’immigration clandestine », a tonné dans la matinée le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini (extrême droite). « Ils peuvent être soignés, nourris, vêtus (…), mais ils ne mettront pas les pieds en Italie avec mon autorisation ».

Dans l’après-midi, l’homme fort du gouvernement italien a réclamé l’arrestation de l’équipage: « Si un citoyen force un barrage de la police ou des carabiniers, il est arrêté. Je compte bien que cela se produise ».

Parallèlement, un bébé est mort et au moins huit migrants portés disparus après un naufrage au large de Sabratha, à 70 km à l’ouest de Tripoli, selon les témoignages recueillis par les garde-côtes libyens auprès des 18 survivants.

Le Mare Jonio, navire battant pavillon italien affrété par un collectif de gauche et d’extrême gauche, a secouru lundi 49 migrants sur un canot en difficulté à 40 milles nautiques au nord de la Libye.

Une vedette des garde-côtes libyens se trouvait à proximité, mais les militants ont préféré embarquer les migrants plutôt que les voir ramenés en Libye, où beaucoup risquent de subir agressions et violences.

Mardi matin, le Mare Jonio s’est positionné au large de Lampedusa pour s’abriter du mauvais temps, alors que les autorités lui avaient ordonné de rester à distance. Un jeune homme de 25 ans souffrant de pneumonie a cependant pu être évacué vers le centre médical de l’île.

« Les conditions météo étaient impossibles, nous n’avons pas eu le choix », a assuré le chef de mission, Luca Casarini, à l’agence AGI.

Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Salvini en juin 2018, plusieurs navires de secours — humanitaires et militaires — se sont retrouvés bloqués au large de l’Italie ou de Malte jusqu’à ce que d’autres pays européens acceptent une répartition des migrants secourus.

Le ministre est poursuivi pour séquestration pour avoir retardé le débarquement de dizaines de migrants secourus en août par le Diciotti, navire des garde-côtes italiens. Mais la procédure devrait être bloquée par un vote du Sénat prévu mercredi.

Lundi, M. Salvini a publié une directive annonçant que l’Italie ne laisserait pas débarquer les migrants secourus dans la vaste zone de secours dépendant de la Libye.

La directive menace aussi les ONG de sanctions. Mardi, le ministère a annoncé la création d’une commission « d’experts et de policiers » chargée d’assurer l’application du texte.

« Mais le droit maritime est clair: la Libye n’est pas un lieu sûr », a commenté Vincent Cochetel, envoyé spécial du Haut commissariat de l’ONU (HCR) pour la Méditerranée centrale.

Pour l’association Conseil italien pour les réfugiés, la directive laisse entendre « que les ports libyens peuvent être considérés comme sûrs et qu’il est possible de débarquer en Tunisie ou à Malte » et refuse de prendre en compte « une réalité dramatique ».

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