Abdul Razak Baginda, proche conseiller de Najib Razak, avait été mis en examen le 18 juillet 2017 à Paris pour trois motifs: « complicités de corruption passive et active » et « recel d’abus de biens sociaux ». En clair, d’être la « pièce maîtresse de ce système corruptif », selon les enquêteurs.
Jeudi, la cour d’appel de Paris, saisie d’une requête en nullité de ces mises en examen, a annulé les poursuites mais pour les seuls faits de « corruption passive d’un agent public étranger », selon des sources judiciaires.
La chambre de l’instruction a dû constater que cette infraction ne visait, à l’époque des faits, que les seuls fonctionnaires de l’Union européenne et de ses Etats membres, jusqu’à la loi du 13 novembre 2007.
La cour d’appel a revanche confirmé le reste de la procédure attaquée. « Nous envisageons de former un pourvoi », a fait savoir Me Caroline Toby, avocate de M. Baginda.
De ces recours dépendent aussi l’avenir judiciaire des quatre hauts-dirigeants de l’industrie de la défense française mis en examen: deux ex-présidents de la branche internationale de la Direction des constructions navales (DCNI), Dominique Castellan (1991-2001) et Philippe Japiot (2001 à 2007), et deux ex-patrons de Thint Asia (Thales International Asia), Bernard Baïocco et Jean-Paul Perrier.
Tous contestent les faits et tout contact direct avec M. Baginda.
Au coeur de l’affaire, un contrat d’environ un milliard d’euros pour la vente de deux sous-marins Scorpène et d’un sous-marin Agosta, signé en 2002 entre la Malaisie et la DCNI alliée avec Thales.
La justice soupçonne que des dizaines de millions d’euros de pots-de-vin — dissimulés derrière des contrats de consultants — aient pu servir, via les sociétés Terasasi de M. Baginda, à corrompre Najib Razak, alors ministre de la Défense puis Premier ministre en 2009.
Les coulisses de ce marché avaient été découvertes lors de l’enquête dans ce pays d’Asie du Sud-Est sur l’assassinat en 2006 d’une interprète mongole, Altantuya Shaariibuu. Cette mannequin, par ailleurs maîtresse de M. Baginda, avait participé aux négociations.
Dans l’enquête parallèle en Malaisie, Najib Razak, qui n’est pas réclamé à ce jour par la justice française, a été interrogé le 19 novembre par la commission anticorruption locale (MACC).
Lui, sa femme et plusieurs de ses alliés ont été inculpés l’an dernier dans une série de scandales financiers, dont celui du vaste détournement du fonds souverain malaisien 1MDB.
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