Ottawa doit réguler le transport maritime et améliorer la surveillance dans l’Arctique, ainsi qu’améliorer les capacités de déglaçage de la Garde côtière canadienne et doter les Rangers inuits de navires afin d’asseoir son autorité sur cette vaste région polaire, indique un rapport du Sénat publié mercredi.
L’Arctique se réchauffe en moyenne trois fois plus rapidement que le reste du monde, selon les dernières estimations. La fonte des glaces dans cette région ouvre un nouveau passage entre le Pacifique et l’Atlantique qui permet la liaison entre les marchés européens et asiatiques.
La région, s’étendant sur 3,5 millions de kilomètres carrés, pourrait également contenir de grandes quantités de ressources naturelles, dont du pétrole et du gaz naturel, selon les autorités américaines.
La commission a également averti que des conflits géopolitiques risquaient de se développer dans les eaux entourant le vaste archipel arctique revendiqué par le Canada.
Un seul litige territorial existe pour l’instant autour de la minuscule île Hans, revendiquée à la fois par le Canada et le Groenland (Danemark), selon le rapport.
En mai, le Canada a déposé aux Nations unies ses revendications concernant son plateau continental au-delà de sa zone de 200 milles marins dans l’océan arctique en vertu de la Convention sur le droit de la mer, traité que les États-Unis n’ont pas ratifié.
La commission note que certaines revendications du Canada chevauchent celles de la Russie et du Danemark, mais conclut qu’il est peu probable que Moscou conteste la revendication du passage du Nord-Ouest par Ottawa, car cela nuirait à son emprise sur le passage du Nord-Est.
Les États-Unis contestent la souveraineté canadienne sur le passage du Nord-Ouest, reliant le détroit de Davis et la baie de Baffin à l’est au détroit de Béring à l’ouest, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo ayant récemment qualifié la revendication du Canada sur cette voie navigable d' »illégitime ».
La Chine, de son côté, ne voudra probablement pas que les États-Unis et la Russie « aient un sanctuaire dans l’Arctique », et il est donc probable qu’elle augmente sa présence dans l’Arctique, a indiqué à la commission un expert, Robert Huebert.
Le premier navire chinois à traverser le passage du Nord-Ouest en 2017 n’a pas demandé la permission du Canada pour le faire, a souligné Suzanne Lalonde, professeure de droit international.