Ce nouvel incident, le 2e en un mois impliquant la navigation dans ce passage maritime stratégique, survient à un moment de tensions accrues entre Téhéran et Washington, qui a accusé l’Iran d’être derrière le premier incident de mai.
La Ve Flotte américaine, basée à Bahreïn, a indiqué jeudi avoir reçu deux « appels de détresse » tôt dans la matinée émanant de pétroliers en mer d’Oman qui auraient été la cible d’une « attaque ».
A Oslo, les autorités maritimes ont parlé clairement d’une attaque, signalant trois explosions sur un pétrolier norvégien.
Le pétrolier Front Altair, propriété du groupe norvégien Frontline, a été « attaqué » jeudi matin entre les Emirats et l’Iran, trois explosions ayant été signalées à bord, ont annoncé les autorités maritimes norvégiennes en précisant qu’aucun membre d’équipage n’avait été blessé.
Le Front Altair, un tanker de 111.000 tonnes, est actuellement en flammes et des secours sont sur place, selon la même source.
« Aujourd’hui, 13 juin à 06H03, le Front Altair, navire battant pavillon des Marshall, a été attaqué entre les Emirats et l’Iran », affirme le communiqué.
« Trois explosions sur le navire ont été signalées. L’équipage est monté à bord d’un navire qui passait et ne serait pas blessé », a-t-elle précisé.
Le second navire, le Kokuka Courageous, un méthanier a essuyé des tirs mais tout l’équipage a été sauvé après l’abandon du navire, et sa cargaison de méthanol est intacte, a déclaré son opérateur japonais Kokuka Sangyo.
« Il semble que d’autres navires aient également essuyé des tirs », a déclaré le président de la compagnie, Yutaka Katada, aux journalistes à Tokyo, confirmant des informations de sa société mère de Singapour sur un « incident de sécurité ».
– « Incidents suspects » –
L’Iran a exprimé ses « inquiétudes » après des « incidents suspects ». Dans un premier temps, Téhéran a parlé d' »accident » et indiqué avoir porté secours à « deux tankers étrangers » en mer d’Oman.
« Quarante-quatre marins ont été sauvés des eaux par une unité de secours de la Marine (iranienne) de la province d’Hormozgan (sud de l’Iran, NDLR) et transférés au port de Bandar-é Jask », a écrit l’agence Irna.
Ces incidents ont eu lieu à une heure d’intervalle à 25 mille nautiques et 28 milles nautiques de Bandar-é Jask, a ajouté l’agence officielle alors que la télévision iranienne a diffusé des images de feu à bord d’un des deux navires.
Le ministre des Affaires étrangères iranien a jugé hautement suspecte la coïncidence entre ces « attaques » et la visite à Téhéran du Premier ministre japonais Shinzo Abe.
« Le mot suspicieux ne suffit pas à décrire ce qui transpire apparemment » de ces « attaques » contre des « tankers liés au Japon survenues alors que le Premier ministre (japonais) rencontrait » le Guide suprême iranien à Téhéran, écrit Mohammad Javad Zarif sur Twitter.
La Ve Flotte a précisé dans un communiqué être au « courant d’une attaque signalée contre des pétroliers dans le Golfe d’Oman ».
« Des forces navales américaines dans la région ont reçu deux appels de détresse distincts, à 06H12 locales et un second à 07h00 locales », a-t-elle ajouté.
Selon la Ve Flotte, un destroyer américain l’USS Bainbridge s’est porté sur la zone de l’incident.
Les cours du pétrole ont brusquement grimpé après l’annonce d’un « incident » en mer d’Oman par un service d’information sur la navigation commerciale géré par la Royal Navy britannique.
– Les prix du pétrole bondissent –
« Le Royaume-Uni et ses partenaires sont en train d’enquêter », a déclaré l’United Kingdom Marine Trade Operations (UKMTO) sur son site internet, sans donner de précisions.
Les prix du pétrole ont gagné 3% jeudi au début des échanges européens, les opérateurs s’inquiétant de la situation dans le Golfe après les informations sur ce nouvel incident.
Vers 08H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août grimpait de 1,70 dollar (2,83%) à 61,67 dollars. Le baril de WTI pour livraison en juillet montait de 1,38 dollar (2,70%) à 52,52 dollars.
La compagnie BSM Ship Management (Singapour) a indiqué qu’un de ses navires, le Kokuka Courageous, avait été la cible d’un « incident de sécurité » et que les 21 membres d’équipage avaient abandonné le bateau et qu’ils avaient été secourus.
Le 12 mai, quatre navires –deux saoudiens, un émirati et un norvégien– dont trois pétroliers, avaient été endommagés par des « actes de sabotage » attribués à l’Iran par l’Arabie saoudite et les Etats-Unis.
Ce nouvel incident ajoute à la tension dans le Golfe, déjà ravivée par une attaque mercredi, revendiquée par les rebelles Houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, contre un aéroport saoudien.
Vingt-six civils de différentes nationalités ont été blessés dans cette attaque à laquelle Ryad a promis de riposter avec force.
Lors du sommet islamique début juin à La Mecque, le roi Salmane d’Arabie saoudite avait mis en garde contre les « actes terroristes » visant la navigation en estimant qu’ils pourraient affecter le marché pétrolier.
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