« Entre la fermeture des restaurants et les autres restrictions, les débouchés se sont volatilisés », détaille Elsa Ledru, porte-parole de Normandie Fraîcheur Mer, groupement des marins-pêcheurs, criées et mareyeurs de Normandie qui s’occupe, entre autres, du bulot de Granville.
Les restaurants n’ont pas rouvert, les gens « n’ont pas forcément le coeur à faire la fête », et « les ventes ont du mal à redécoller malgré le déconfinement », poursuit Elsa Ledru à propos de ce mollusque estampillé indication géographique protégée (IGP). « Beaucoup de bulotiers restent à quai alors qu’ils devraient tourner à plein régime ».
Dès le début du confinement, Normandie Fraîcheur Mer a créé une carte interactive qui permet de se fournir en produits de qualité près de chez soi. « Le but était de créer une relation plus directe entre le consommateur et le produit », détaille Elsa Ledru.
Mi-mai, la carte a même été complétée d’adresses de restaurants qui proposent des produits de la mer à emporter ou en livraison.
L’initiative a dès sa création été partagée sur la page Facebook de Normandie Fraîcheur Mer qui compte pas moins de 2.400 abonnés. Depuis, le groupement a intensifié sa communication sur les réseaux pour « donner envie, directement au consommateur ».
Les bulots peuvent, pour cela, compter sur un ambassadeur en la personne de Romain Méder, chef du triplement étoilé restaurant du Plaza Athénée à Paris. Le chef a été l’un des premiers à réintroduire le bulot de Granville dans la cuisine de palace.
La semaine dernière, il a ainsi participé à un « live » sur Instagram autour du bulot de Granville, « pour apprendre aux gens à cuisiner et à servir le bulot à la maison », raconte Elsa Ledru.
Mais le bulot n’est pas le seul aliment à avoir à son chevet des stars de la gastronomie: nombre d’entre elles, comme Marc Veyrat et Pierre Hermé, ont signé, début mai, la lettre ouverte du collectif « soutenons nos fromages, nos terroirs et nos producteurs » lancé par le Conseil national des Appellations d’origine laitières (CNAOL).
– Du piment sur Instagram –
La filière laitière est, en effet, très mobilisée en faveur des producteurs de fromages de tradition, eux aussi mis en difficulté par la crise. Pour les aider, un seul mot-clef: #Fromagissons.
Ce mot valise recouvre en fait une campagne nationale multi-supports pour « encourager la consommation de fromages de tradition », selon un communiqué du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière.
Sur Twitter, la CNAOL continue son opération séduction en postant presque quotidiennement de courtes vidéos de personnalités gastronomiques ou médiatiques qui expriment leur solidarité aux producteurs et leur amour du fromage français. « Vive les produits de nos fermes ! », s’exclame, par exemple, le journaliste Nelson Monfort.
Le syndicat du piment d’Espelette AOP, qui regroupe 212 producteurs eux aussi lourdement touchés par les crises de la restauration et du tourisme, mise également sur les réseaux sociaux pour dynamiser les ventes. Pendant le confinement, la page Instagram du piment d’Espelette a créé une « story » pour regrouper les recettes maison des utilisateurs du réseau.
« On avait plein d’événements prévus pour les 20 ans de l’appellation qu’on a dû reporter », explique Maialen Sarraude, responsable du syndicat, « mais on a décidé de beaucoup communiquer sur les réseaux là-dessus ».
« C’est une campagne qui va s’étaler jusqu’à la fin de l’année », détaille la responsable. « On a prévu un partenariat avec un instagrameur/influenceur basque qui va nous créer du contenu ainsi qu’un partenariat avec un chef qui va nous faire des vidéos recette que l’on partagera sur les réseaux ».
Le but de cette communication, selon la responsable du syndicat, est de « démocratiser le piment d’Espelette, on ne veut plus que ce soit seulement une épice qu’on goûte au restaurant mais, aussi que ça devienne un produit de qualité que l’on cuisine chez soi ».
D’ici à la fin de l’année, le piment d’Espelette devrait aussi se lancer sur le jeune réseau Tik Tok, « parce que c’est le réseau qui a explosé pendant le confinement », explique Maialen Sarraude.
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