« Notre navire, le Mare Jonio (…) est sorti hier soir du port de Trapani pour débuter une nouvelle mission en Méditerranée centrale » a annoncé mercredi l’ONG Mediterranea Saving Humans, entendant dénoncer « les violations des droits de l’Homme qui s’y produisent sans arrêt » contre les migrants.
« On laisse mourir en silence des réfugiés de guerre et des victimes de tortures. Ou ils sont capturés avec la complicité des gouvernements européens pour être ramenés dans les camps de détention libyens », a accusé Mediterranea.
Après une longue pause, le Mare Jonio est le deuxième navire humanitaire à prendre la mer pour la Méditerranée centrale.
L’ONG allemande Sea Watch a annoncé lundi la reprise de ses opérations de sauvetage. Son navire, le Sea Watch 3, a quitté le port sicilien de Messine après trois mois d’immobilisation, et a fait route vers la zone de sauvetage au large des côtes libyennes.
Depuis début avril, toute opération de sauvetage avait cessé et deux bateaux humanitaires qui avaient poursuivi leurs interventions malgré la mise à l’arrêt de l’Europe en raison de l’épidémie de Covid-19, avaient été immobilisés par les garde-côtes italiens pour des raisons « techniques ».
Les ONG avaient dénoncé une manoeuvre injustifiée uniquement destinée à « perturber leurs missions de sauvetages ».
Citant des sources au sein des « services de renseignement », le quotidien Corriere della Sera a assuré lundi que 20.000 personnes sont prêtes à entreprendra la traversée des côtes de Libye vers l’Italie, souvent un pays de transit pour les migrants vers les autres pays de l’Europe.
Les départs des côtes libyennes ont augmenté de 290%, soit 6.629 tentatives entre janvier et fin avril, comparé à la même période l’an dernier, et de 156% au départ de la Tunisie, selon le HCR.
Ces chiffres sont également en forte augmentation à Malte, qui a sonné le signal d’alarme face à ce qu’elle considère comme un « tsunami » migratoire, et dénoncé l’absence de solidarité des autres pays européens.
L’été 2019 a été marqué par de vives polémiques en Italie autour de cette question des migrants, avec la politique anti-migrants du ministre d’extrême-droite d’alors Matteo Salvini, et l’Italie qui a fermé tous ses ports aux ONG secourant les naufragés en mer.
Avec la baisse des arrivées en hiver, et surtout la crise du Covid-19, qui a touché l’Italie de plein fouet, la question migratoire est aujourd’hui passée au second plan, alors que l’extrême droite a quitté le gouvernement actuel de coalition. Rome cherche désormais l’appui de l’Europe pour gérer la situation en cas de reprise massive des débarquements sur ses côtes cet été.
Cinq pays de l’UE, Italie, Espagne, Grèce, Malte et Chypre, ont présenté récemment à la Commission européenne « une proposition politique en vue de l’élaboration imminente d’une nouvelle stratégie commune et solidaire sur l’immigration et l’asile », selon le ministère italien de l’Intérieur.
Jusqu’à présent, la répartition se faisait sur une base volontaire et peu de pays de l’UE ont accepté de partager le fardeau supporté essentiellement par l’Italie qui a accueilli sur ses côtes des centaines de milliers de migrants ces dernières années.