« Le diagnostic, pour l’instant, est une suspicion de collision avec un bateau », a dit Stéphane Lair, vétérinaire de l’Université de Montréal chargé de l’analyse de la baleine, une femelle de dix mètres pesant 17 tonnes et âgée de 2 à 3 ans.
La carcasse de l’animal, dont les sauts avaient émerveillé des centaines de curieux à Montréal ces derniers jours, avait été récupérée dans le fleuve Saint-Laurent et glissée sur la berge mardi soir à Sainte-Anne-de-Sorel, à 90 km à l’est de Montréal.
« L’animal présentait quand même des signes de traumatismes possibles (…) qui suggèrent fortement que l’animal a été frappé par un bateau », a-t-il précisé.
Un rapport de nécropsie censé être produit « d’ici un ou deux mois » devrait fournir « un diagnostic plus précis », a-t-il ajouté.
Son équipe ne pourra cependant procéder qu’à « une quantité d’analyses (…) assez limitée au niveau des organes internes » de l’animal, en raison de son « état de décomposition assez avancé ».
La baleine, aussi appelée rorqual à bosse, avait été vue dimanche pour la dernière fois.
« On ne sait pas ce qui s’est passé », a souligné le biologiste Robert Michaud, coordonnateur du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM), association mandatée par le gouvernement canadien pour la protection des cétacés du Saint-Laurent.
« On savait que c’était un animal qui était en bonne santé », qui n’avait « pas de problèmes de maladies chroniques », a-t-il néanmoins rappelé.
Il y avait « très peu d’options » d’interventions, selon lui, compte tenu que « l’animal a fait une série de choix, de décisions ou d’erreurs qui l’ont amené à Montréal ».
« C’est un phénomène pas très fréquent, mais régulier » chez les jeunes baleines que d’aller explorer des milieux ne constituant pas leur habitat naturel, a-t-il ajouté.
Pour M. Michaud, « l’histoire de la cohabitation avec les baleines dans le Saint-Laurent », où on dénombre 13 espèces de cétacés, « c’est un grand enjeu ». « Son passage à Montréal va peut-être mettre en lumière la difficulté de cette cohabitation » sur cet axe important de transport maritime vers l’intérieur du continent.
Il a dit espérer que l’animal aura laissé « un héritage heureux » de son passage à Montréal en faisant prendre conscience à « beaucoup de gens » qu’à « seulement 450 km en aval du pont Jacques-Cartier vivent des animaux magnifiques ».
« C’est important de regarder ça de façon positive », a renchéri M. Lair en soulignant que la baleine à bosse « avait presque complètement disparu » suite à une « chasse intensive » et qu’elle n’est plus aujourd’hui « menacée ».
« La population a connu une augmentation assez importante dans les dernières décennies suite à des mesures de conservation », a-t-il dit.