Il ne reste plus que l’accord formel d’une administration en charge des exportations d’armements pour rendre définitive cette vente qui a soulevé l’amertume des parents de Giulio Regeni et des partis de gauches italiens, selon ces agences.
Le 25 janvier 2016, l’étudiant italien Giulio Regeni, alors âgé de 28 ans, disparaissait au Caire où il faisait des recherches universitaires.
Son corps avait été retrouvé atrocement mutilé et torturé, quelques jours plus tard, dans la banlieue du Caire. L’étudiant enquêtait sur les syndicats égyptiens, un sujet très sensible dans le pays.
Cette affaire a longtemps empoisonné les relations entre Le Caire et Rome, l’Italie accusant régulièrement les autorités égyptiennes de ne pas coopérer, voire d’orienter les enquêteurs italiens vers de fausses pistes.
« J’ai toujours mis Giulio Regeni au centre de mes requêtes et il en sera toujours ainsi », a assuré M. Conte, cité vendredi par le quotidien La Repubblica.
« La vente des frégates est une opération commerciale qui n’a rien à voir avec la recherche de la vérité sur la mort de Giulio Regeni. Au contraire, c’est seulement en maintenant les canaux ouverts que nous pouvons penser obtenir quelque chose de l’Egypte », selon des sources gouvernementales relayées par le quotidien.
Les deux frégates Fremm, d’un coût de 1,2 milliard d’euros, ont été construites par le groupe italien Fincantieri et étaient destinées initialement à la marine italienne.
L’Egypte pourrait commander quatre autres frégates, plus une vingtaine d’unités maritimes plus petites ainsi que des avions, pour un total d’environ 10 milliards d’euros, selon la Repubblica.
Interrogés en milieu de semaine par ce journal, les parents de Giulio Regeni ont dit s’être « sentis trahis » par le gouvernement. « La limite a été atteinte, nous ne nous permettrons plus que le gouvernement se moque de nous ».
Selon l’agence AGI, le Premier ministre Conte a eu le 7 juin « une longue conversation téléphonique » avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, portant en partie sur « la collaboration bilatérale, industrielle et judiciaire, notamment sur l’affaire Regeni ».
« Le gouvernement et les institutions italiennes continuent d’exiger la vérité des autorités égyptiennes par le biais d’une coopération réelle, efficace et effective », a assuré mercredi aux députés le ministre des Affaires étrangères Luigi di Maio.
L’affaire a suscité des remous au sein de la classe politique italienne. Les Verts italiens, les partis de gauche mais aussi plusieurs élus appartenant à la majorité gouvernementale ont critiqué cette décision.
Une commission d’enquête parlementaire a demandé à être entendue « en urgence » par le chef du gouvernement.
« Il faut trouver le juste équilibre. Le gouvernement doit exiger de l’Egypte la vérité mais nous ne pouvons pas bloquer notre industrie », a réagi vendredi Antonio Tajani, vice-président de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi.