Le groupe basé à Marseille « a décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre toutes les exportations de bois de ce pays » en raison de suspicions quant à la présence clandestine de ce bois protégé dans des conteneurs en provenance de Gambie, a-t-il dit dans un communiqué qui invoque la déforestation en cours en Afrique.
En cause: le trafic de Pterocarpus Erinaceus, connu sous différentes appellations comme bois de vène, palissandre du Sénégal, kino de Gambie ou santal rouge d’Afrique, ou celle, jugée abusive, de bois de rose.
Dans un rapport publié en juin, l’ONG Environmental Investigation Agency, qui enquête sur les méfaits contre l’environnement, montrait du doigt la Gambie comme ayant servi au cours de la dernière décennie au trafic de près d’1,6 million d’arbres de ce bois, provenant du Sénégal voisin et destinés essentiellement à la Chine.
Bien que l’espèce « ait été déclarée quasiment en état d’extinction en Gambie en 2012, le pays (en) a été l’un des principaux exportateurs au cours des dix dernières années », disait l’ONG. « La plus grande partie du bois exporté de la Gambie vers l’Asie est issue du trafic en provenance du Sénégal, pays voisin, en violation d’une multitude de lois sénégalaises », ajoutait-il en citant des trafiquants.
L’ONG assure que le trafic est contrôlé par les rebelles combattant le pouvoir central sénégalais opérant en Casamance, voisine de la Gambie.
L’espèce Pterocarpus Erinaceus est inscrite à l’annexe 2 de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, ou Convention de Washington. Présente dans de nombreux pays d’Afrique, très appréciée pour le travail du bois en particulier les meubles, elle fait l’objet à la fois de trafic et de surexploitation.
Le Groupe CMA CGM annonce aussi sa décision de renforcer ses procédures pour le transport des espèces protégées dont le commerce est règlementé par la CITES. Il établira une « liste noire des exportateurs suspectés » de participer au trafic d’espèces protégées, dit-il.
L’exportateur devra aussi prendre l’engagement explicite que la marchandise animale ou végétale qu’il exporte ne tombe pas sous le coup de CITES, ou obtenir un permis, dit-il.
Le bois représente la très grande majorité des exportations opérées par CMA CGM au départ de Gambie, a-t-on appris auprès de la compagnie.