« Il ne faudrait pas que la catastrophe serve de prétexte à occulter cette réalité qui existait avant (l’explosion), celle d’un pays au bord du gouffre, (…) qui n’arrive pas à se réformer », a martelé Jean-Yves Le Drian, confirmant par ailleurs une nouvelle visite du président Emmanuel Macron à Beyrouth « dans les prochains jours ».
Répétant le soutien de la France à « la constitution d’un gouvernement de mission, qui on l’espère permettra aux Libanais d’être à nouveau au rendez-vous de leur histoire », le ministre a cependant affirmé que l’aide humanitaire de la France au Liban était « sans conditionnalité ».
« Mais nous souhaitons aux autorités libanaises de faire le sursaut nécessaire pour qu’un gouvernement de mission engage les réformes indispensables que tout le monde connaît », a ajouté M. Le Drian, citant la nécessité d’un audit de la banque du Liban, d’une réforme du système des marchés publics, d’une réforme du système d’approvisionnement en électricité et d’une mise en place de nouvelles méthodes de gestion.
« Tout cela est connu, (…) mais les discussions n’avancent pas » avec le FMI a-t-il regretté, après avoir assisté au départ de l’Aknoul, un roulier de la CMA-CGM, vers la capitale libanaise : « Il faut maintenant que ce sursaut soit au rendez-vous ». « Mais nous n’allons pas nous substituer au gouvernement libanais, c’est aux Libanais d’assumer leurs responsabilités », a conclu le ministre.
Le 10 août, sept mois après son entrée en fonction et moins d’une semaine après la dévastatrice explosion de plusieurs milliers de tonnes de nitrate d’ammonium qui a fait plus de 180 morts, le Premier ministre libanais Hassan Diab avait annoncé la démission de son gouvernement, sous la pression de la rue.
Aussitôt cette démission annoncée, M. Le Drian avait appelé, dans un communiqué, à « la formation rapide » d’un gouvernement qui entende « les aspirations exprimées par les Libanais en matière de réformes et de gouvernance ».
Les 2.500 tonnes d’aide humanitaire parties mardi pour Beyrouth s’ajoutent aux 1.000 tonnes déjà expédiées par la France après la catastrophe. Chargées sur un navire de la CMA-CGM, le N.3 mondial du transport maritime par conteneurs, basé à Marseille, elles proviennent de 70 donateurs au total, Etat, collectivités, entreprises ou ONG.