Le vraquier indien MV Jag Anand, avec 23 marins indiens à bord et transportant plus de 160.000 tonnes de charbon australien, est arrivé le 13 juin au port de Jingtang dans la province du Hebei (Nord de la Chine) mais n’a pas été autorisé à décharger sa cargaison, a expliqué à l’AFP Abdulgani Serang, secrétaire du Syndicat national des marins indiens.
Un autre bateau chargé de charbon australien, l’Anastasia, est bloqué à Caofeidian (Nord de la Chine) depuis le 3 août avec 18 Indiens à bord.
« Une crise humanitaire est imminente », avertit M. Serang. « Les navires sont devenus des prisons flottantes ». Selon lui, les deux bateaux ne sont autorisés ni à décharger ni à gagner un autre port.
Le syndicat a écrit aux autorités indiennes et chinoises ainsi qu’à l’Organisation maritime internationale (OMI) pour obtenir une résolution urgente de la crise alors que des tensions opposent l’Australie comme l’Inde à la Chine.
L’Australie a fait l’objet en mai de représailles commerciales de Pékin sur certains produits agricoles, comme l’orge et la viande de boeuf, après avoir appelé à une enquête internationale indépendante sur les origines de la pandémie de coronavirus.
Mi-octobre, sans vouloir confirmer des informations de presse selon lesquelles la Chine avait donné aux groupes chinois consigne de ne plus acheter de charbon australien, le ministre australien du Commerce Simon Birmingham a indiqué sur Sky News que Canberra avait demandé des clarifications à Pékin.
De son côté, l’Inde a amassé comme la Chine des soldats à leur frontière himalayenne contestée au Ladakh où un affrontement au corps-à-corps a fait en juin 20 morts côté indien et un nombre inconnu de victimes dans les rangs chinois.
– Piégés –
Selon M. Serang, les marins indiens sont piégés dans les tensions entre Pékin et Canberra.
« Les gens de mer font juste leur travail et paient très cher sans avoir commis aucune faute », a-t-il dit en appelant l’OMI à agir rapidement. « C’est comme un livreur de repas bastonné dans une bagarre entre voisins ».
Le propriétaire du Jag Anand, l’indien Great Eastern Shipping Company, a indiqué avoir proposé en vain d’envoyer le navire au Japon à ses frais. « De manière regrettable, aucun de nos efforts n’a apporté de résultats jusqu’ici », a déclaré un porte-parole cité par le quotidien The Hindu.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a assuré mercredi en réponse à une question de l’AFP sur le Jag Anand que « la Chine ne l’a jamais empêché de partir ». Selon lui, « l’affréteur n’a pas souhaité ajuster les accords de transport du navire, en invoquant des droits et intérêts commerciaux. C’est la vraie raison de la situation ».
Les familles des marins indiens multiplient sur les réseaux sociaux les messages réclamant leur retour, évoquant leur stress et des problèmes de santé.
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