De nombreux propriétaires de bateaux ont mis à profit la pandémie pour effectuer des réparations, y compris pour des pétroliers ou des vraquiers. « Les réparations sont à leur plus haut niveau », explique à l’AFP Masud Hossain Palash, qui possède l’un des chantiers.
Actuellement, le rythme mensuel est au total de 60 navires en réparation, tous pour des clients locaux, contre 45 en moyenne l’an dernier, précise M. Palash qui est également le secrétaire général de l’Association des propriétaires de chantiers navals.
Abul Kashem, 66 ans, l’un des plus anciens ouvriers sur ce site abritant une trentaine de chantiers navals en face de Sadarghat, principal port fluvial du pays, dit ne jamais y avoir vu autant de bateaux en réparation ou en construction.
« Les chantiers navals ont été fermés (…) pendant le confinement », raconte-t-il à l’AFP. « Mais maintenant, les affaires explosent. »
Le Bangladesh, pays pauvre de 168 millions d’habitants, a vu sa croissance amputée par la pandémie même si elle a mieux résisté que celle de ses voisins d’Asie du Sud et devrait rester positive pour l’année fiscale en cours (juillet 2020-juin 2021), avec des prévisions allant de +1,6% pour la Banque mondiale à +8,2% pour le gouvernement. Le PIB par tête au Bangladesh devrait dépasser cette année celui de l’Inde, selon le Fonds monétaire international.
Situé dans le delta du Gange et du Brahmapoutre et traversé de centaines de cours d’eau, le pays est fort d’une longue tradition navale.
Ferries et bateaux constituent le principal mode de transport des personnes comme des marchandises, surtout dans la zone côtière du Sud. Un marché très important pour les chantiers navals bangladais qui étaient connus pour le démantèlement des vieux navires mais ont développé leurs activités de construction et réparation.
– « Du travail toute l’année » –
Les propriétaires ont beaucoup investi ces dernières années et les chantiers, qui ont débuté dans les années 1960 en construisant de petits navires en bois, peuvent dorénavant construire tous types de navires, des cargos ou des ferries avec par exemple une capacité de 5.000 passagers, dit M. Palash.
« Quelque 15.000 travailleurs sont maintenant employés dans les chantiers et 100.000 autres ont des emplois indirects », dit-il.
Abul Kashem, qui a débuté comme peintre sur les chantiers au début des années 1970, quelques mois après la guerre d’indépendance contre le Pakistan et la naissance du Bangladesh le 16 décembre 1971, se souvient que dans les années 1980, il n’y avait souvent pas de travail l’hiver: « nous devions aller faire autre chose, comme tirer des rickshaws ».
« Maintenant, il y a du travail toute l’année », se félicite-t-il.
Le prix à payer, ce sont des conditions de travail régulièrement dénoncées par des associations, avec notamment le travail des enfants et des conditions de sécurité insuffisantes pour les travailleurs sur le site.