Brexit: dîner au sommet pour limiter la casse du divorce

Cette rencontre au sommet intervient à trois semaines de la rupture définitive entre Londres et l’Union européenne, après des mois de pourparlers sans progrès et face à la menace accrue d’un échec aux lourdes conséquences économiques.

L’objectif du rendez-vous est de voir si les blocages les plus importants peuvent être levés mais « pas de ficeler de manière définitive la négociation », a souligné Bruxelles. Bien que peu probable, la fin des discussions n’est pas non plus à exclure.

Boris Johnson a jugé mercredi qu’il était encore possible d’arriver à un « bon accord » malgré les exigences de Bruxelles, qu' »aucun Premier ministre ne devrait accepter ».

La chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE, s’est elle aussi voulu optimiste, estimant qu’il y avait « encore une chance de parvenir à un accord ». Un échec ternirait le bilan de la présidence allemande qui se termine à la fin de l’année.

Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, dont le pays sera en première ligne du choc annoncé le 31 décembre –date de la fin de la période de transition– s’est montré très prudent. « N’ayez pas d’espoir trop grand », a-t-il mis en garde. « L’échec est une réelle possibilité à ce stade, et nous devons nous y préparer », a-t-il dit sur la radio Newstalk.

– Fermeté –

Les deux camps ont affiché des positions très fermes à la veille de la rencontre.

L’UE ne sacrifiera « jamais (son) avenir » pour conclure un accord post-Brexit au prix de concessions qui fragiliseraient son grand marché unique, a prévenu le négociateur européen Michel Barnier.

« Nos amis doivent comprendre que le Royaume-Uni a quitté l’UE pour pouvoir exercer un contrôle démocratique », a averti Boris Johnson.

Le Britannique retrouvera une ville qu’il connait bien pour y avoir été le correspondant du Daily Telegraph dans les années 90.

Britanniques et Européens achoppent toujours sur les trois mêmes sujets depuis mars: l’accès européen aux eaux britanniques, la manière de régler les différends dans le futur accord et les garanties exigées de Londres par l’UE en matière de concurrence en échange d’un accès sans droits de douanes ni quotas au marché du continent.

Lors d’un entretien téléphonique lundi soir, M. Johnson et Mme von der Leyen en avaient été réduits a constater que les conditions d’un accord de libre-échange n’étaient toujours « pas réunies ».

La question des conditions de concurrence équitable est la plus difficile à résoudre mais « elle n’est pas la seule’, a souligné une source européenne.

L’Union européenne, qui redoute de voir surgir une économie dérégulée à sa porte, veut que Londres s’engage dans la durée à respecter une certaine convergence sur l’environnement, le droit du travail, la transparence fiscale ou les aides publiques, ce que les Britanniques refusent au nom de leur souveraineté retrouvée après leur sortie de l’UE le 31 janvier dernier.

« Nous devons avoir des conditions équitables, non seulement pour aujourd’hui, mais aussi pour demain et après-demain », a souligné Angela Merkel.

– Méfiance des Européens –

Malgré l’impasse sur leur relation future, Londres et Bruxelles ont malgré tout réussi mardi à régler leur discorde sur l’application du traité encadrant le divorce.

Un projet de loi britannique revenant en partie sur des dispositions de ce traité concernant l’Irlande du Nord avait durci les tensions entre Londres et Bruxelles, accroissant la méfiance des Européens à l’égard de leur ancien partenaire.

Le gouvernement britannique va finalement retirer les articles controversés de ce texte, qui avait poussé Bruxelles à lancer une procédure d’infraction contre Londres.

« Cela prépare une piste d’atterrissage plus douce vers la possibilité d’un accord » sur la relation future, a estimé le ministre britannique Michael Gove.

La rencontre de Bruxelles se déroulera à la veille d’un sommet des Vingt-Sept et quel que soit son résultat, le Brexit sera l’un des sujets chauds de la réunion. La France a averti qu’elle mettrait son veto à un accord qui sacrifierait ses pêcheurs.

En cas d’échec, les échanges entre Londres et l’UE se feront dès le 1er janvier selon les seules règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, au risque d’un nouveau choc pour des économies déjà fragilisées par le coronavirus.

S’il est conclu, l’accord commercial – de plus de 700 pages – devra encore être ratifié par les Parlements britannique et européen avant d’entrer en vigueur le 1er janvier, une gageure vu le peu de temps qui reste.

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