« Cela va prendre un moment, mais nous n’aurions jamais dû [intégrer l’UE) à l’origine », poursuit Maureen Martin. Interrogée par l’AFP sur ce que va donner la rupture historique, la retraitée se réjouit, derrière ses lunettes de soleil, de pouvoir enfin « nous gouverner nous mêmes et être nos propres chefs ».
A 23H00 locales et GMT jeudi, le Brexit voté en 2016 deviendra réalité pour le pays, sorti officiellement de l’Union européenne le 31 janvier mais avec une période de transition pour amortir le choc.
La signature in extremis d’un accord de libre-échange avec l’UE permet d’éviter des quotas et droits de douanes qui auraient risqué de créer le chaos à la frontière et notamment à Douvres, principal port transmanche côté anglais.
Mais les exportateurs devront désormais remplir des déclarations de douanes et le gouvernement a prévenu qu’il fallait s’attendre à de probables perturbations.
Ernie Monk, lui aussi retraité, estime que ce changement « devrait grandement bénéficier à Douvres », « parce que le fret va beaucoup plus transiter par ici ».
Alors qu’en temps normal jusqu’à 10.000 camions transitent chaque jour par la ville, il ne « voit pas pourquoi » le trafic devrait s’arrêter, prédisant même que « cela devrait augmenter, si tout va bien ».
– « Stressant » –
Son optimisme est cependant loin d’être partagé par tous, même si 62% des habitants de Douvres avaient voté en faveur du Brexit en 2016.
« Je suis un peu nerveux, en tant qu’habitant du coin, parce qu’évidemment nous avons déjà eu des perturbations ici », s’inquiète Kirk Hugh qui travaille dans l’informatique.
La ville a en effet eu la semaine dernière, en raison de la pandémie de nouveau coronavirus, un aperçu des embouteillages et perturbations que pourrait créer le Brexit.
Plusieurs milliers de poids-lourds se sont retrouvés totalement bloqués autour de la ville lors de deux jours de fermeture totale de la frontière française, due à une nouvelle souche plus contagieuse du Covid-19 apparue au Royaume-Uni.
« Ma femme travaille à Ashford et sortir et rentrer de Douvres est parfois un cauchemar total, et c’est probablement ce qui nous attend », soupire Kirk, bonnet multicolore vissé sur la tête. Il craint « quelques semaines de transition ».
Pour l’instant, les camions roulent de façon fluide à Douvres et les habitants profitent de la journée ensoleillée pour se balader sur le front de mer.
« Je pense que ça va être très stressant pour tout le monde, parce que c’est l’inconnu et que les gens ne savent pas ce qui va changer », estime Aaron Kinnear, devant des courageux qui piquent une tête, malgré les températures frigorifiques.
Et d’ajouter: « mais j’ai l’espoir qu’à la fin nous allons tous rester soudés et s’en sortir, cela va aller… j’espère! »