Séoul a réclamé la libération du Hankuk Chemi et de ses 20 membres d’équipage et a déployé une unité navale anti-piraterie dans la région stratégique du Golfe.
« Ce pétrolier était parti du port d’Al-Jubail en Arabie saoudite et a été saisi pour violation répétée des lois sur l’environnement marin », a indiqué le site internet Sepahnews, des Gardiens de la Révolution – armée idéologique du régime -, précisant qu’il transportait 7.200 tonnes de produits chimiques pétroliers.
Une photo publiée par ce site semble montrer trois vedettes et une patrouille approchant le pétrolier.
Cette saisie intervient alors que, selon le ministère iranien des Affaires étrangères, le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères est attendu prochainement à Téhéran. Téhéran cherche à débloquer des fonds gelés par Séoul en raison des sanctions américaines.
Elle survient aussi après la commémoration par l’Iran dimanche du premier anniversaire de l’assassinat par les Etats-Unis de son général Qassem Soleimani, dans une attaque de drone à Bagdad.
C’est également quelques heures après l’annonce que le porte-avions USS Nimitz allait rester dans le Golfe au lieu de rentrer aux Etats-Unis, en raison de « menaces » iraniennes visant le président sortant Donald Trump et d’autres hauts responsables américains.
Selon un communiqué du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Saïd Khatibzadeh, la saisie du pétrolier constitue une « question purement technique et due à la pollution de la mer » qui est intervenue « dans le cadre de la loi ».
Selon les Gardiens, les membres d’équipage sont de nationalité sud-coréenne, indonésienne, vietnamienne et birmane.
Cette saisie est intervenue à la demande de l’autorité maritime de la province d’Hormozgan et sur ordre du procureur de la province, ajoute le site des Gardiens.
D’après Sepahnews, il est désormais ancré dans le port iranien de Bandar Abbas (province d’Hormozgan) et l' »affaire est aux mains de la justice ».
Le directeur adjoint de l’autorité maritime d’Hormozgan a précisé à l’agence Tasnim que le pétrolier avait « causé une pollution importante dans la mer à 11 milles de (l’île de) la Grande Tomb », et qu’il avait poursuivi son chemin malgré des mises en garde des patrouilles des Gardiens avant sa saisie.
Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a « exigé que le navire soit relâché rapidement », ajoutant avoir eu confirmation que l’équipage était sain et sauf.
À Washington, un porte-parole du Département d’État a estimé que la saisie du navire faisait partie « d’une claire tentative d’extorsion sur la communauté internationale dans le but d’alléger la pression des sanctions ».
« Nous nous joignons à l’appel de la République de Corée pour que l’Iran libère immédiatement le pétrolier », a ajouté le porte-parole.
– Fonds bloqués –
Peu avant l’annonce de la saisie, M. Khatibzadeh avait déclaré que le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères était attendu à Téhéran « dans les prochains jours ».
Il a déploré la « lenteur » du processus de déblocage de revenus pétroliers de la République islamique gelés par Séoul.
Selon le gouverneur de la Banque centrale Abdolnasser Hemmati, l’Iran a « sept milliards de dollars déposés en Corée du Sud » qui ne peuvent « être transférés et qui ne nous rapportent rien, alors qu’ils nous réclament » des frais de tenue de compte.
La saisie du Hankuk Chemi est la première menée par la marine iranienne depuis plus d’un an.
Les Gardiens ont saisi en juillet 2019 le pétrolier Stena Impero battant pavillon britannique dans le détroit d’Ormuz, par lequel transite un cinquième de la production mondiale de pétrole, avant de le relâcher deux mois plus tard.
Ils ont saisi au moins six autres navires cette année-là. Washington a aussi imputé à Téhéran des attaques et des sabotages contre des pétroliers dans le Golfe.
Ce regain de tensions survient à l’approche du départ de la Maison Blanche de Donald Trump, qui mène une politique de « pression maximale » sur Téhéran.
Dans ce contexte, l’Iran a annoncé avoir enclenché lundi le processus de production d’uranium enrichi à 20%, sa principale mesure de désengagement de l’accord nucléaire international de 2015 dénoncé unilatéralement en 2018 par Washington.
Téhéran prévoit aussi mardi et mercredi une opération « conjointe et à grande échelle » d’entraînement avec des centaines de drones impliquant plusieurs branches militaires.